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| Liv Land | Billets d'humeur

L'hypocrisie du puritanisme américain

(Temps de lecture: 2 - 3 minutes)

L

Dessin de Coco pour Libé

En ce mois de juin 2022, je suis écœurée et à la fois, la mise en garde de Simone de Beauvoir sur la nécessité de ne pas nous endormir sur les acquis en matière de droits des femmes se rappelle à moi.
Ils ont osé ! Ce pays qui a su souvent symboliser tous les possibles, qui se présente parfois comme l’autre pays de la Liberté l’a fait. Pire que certaines contrées rétrogrades qui hésitent à autoriser une môme de 11 ans à avorter des suites d’un viol. Ils l’ont fait, cette hydre des lois changeantes d’un État à l’autre. Trump, cet arrogant crétin l’avait promis, ses pions l’ont permis. L’avortement n’est plus un droit aux États-Unis, de quoi donner la nausée.

Ce pays tentaculaire et par bien des côtés primaire va refuser aux femmes le choix de disposer de leur corps, y compris dans certains États en cas de viol ou de complications médicales, sous le prétexte que ce droit ne serait pas inscrit dans la Constitution, ce qui fait frémir. Les droits LGBT et la mariage pour tous n’y figurent pas plus sauf par une interprétation du quatorzième amendement, aujourd’hui remise en cause, ce qui fait déjà saliver quelques abjects pourfendeurs de libertés. Le monde devient fou, bientôt l’âge de pierre. 

Le droit de l’avortement est un droit essentiel et quoiqu’en disent ses détracteurs, pas un droit de supprimer une vie, mais de permettre à une femme de décider, dans un délai réduit, ou sur constatation médicale, de mener à terme ou non sa grossesse. Les États Unis, englués dans un système politique pour partie assis sur des principes religieux, se sont laissé duper par une vision hyper traditionaliste de la société et de la liberté des individus. Est-ce que cette vision passéiste est plus ou moins choquante que l’hypocrisie qui conduit à l’accepter, voire à sacrifier des millions de femmes pour des raisons à la fois électoralistes et bassement mercantiles ?

N’oublions pas que tant Georges Bush père que Donald Trump ont nommé des juges aux idées plus que conservatrices dans le seul but de plaire à leur électorat parfois peu éduqué et à leurs pourvoyeurs de fonds de campagne présidentielle. 

Alors nous voilà revenus au bon vieux temps de l’avortement illégal. Donc toute graine plantée dans le corps d’une femme, avec ou sans son consentement, doit déboucher sur une naissance. Quelle courte vue que celle-ci et quelle ignominie de se cacher derrière la religion pour asservir encore et toujours les femmes !

Il n’y a pas assez de malheureux sur cette Terre ? Pourquoi vouloir venir aggraver le nombre en refusant cette sélection ?

Patience, le juge Clarence Thomas de la Cour suprême l’a annoncé, il va bientôt s’attaquer au scandale de la contraception ! 

En attendant, comme l’exprime si bien ce dessin, voilà nos sœurs américaines renvoyées, au temps du manifeste des 343 salopes, aux arrières-cours glauques, à la bonne vieille technique du cintre, tout ça pour que naissent des enfants non désirés. Ces enfants ont toutes les chances de basculer dans la violence.

Quand ils auront dix-huit ans, ils pourront tranquillement acquérir des fusils d’assaut, droit de détenir des armes de guerre garanti, lui, par le deuxième amendement, et iront benoîtement assassiner par dizaines leurs concitoyens ...