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Je suis lesbienne.... et catho !

(Temps de lecture: 10 - 19 minutes)

Je suis lesbienne.... et catho !

 

Au départ, mon article devait s’intituler « Homosexualité et religion ». J’ai toutefois craint que devant ce titre universitaire mes lectrices et lecteurs soient rebutés devant ce qui pourrait s’assimiler à une conférence théorique. Oui, je parlerai bien de l’origine religieuse de l’homophobie, et vous verrez « qu’elle n’est pas piquée des vers ». Tout au moins en ce qui concerne la religion chrétienne, celle que je connais le mieux. Mais, même si cela m’en coûte, je dévoilerai un pan de ma vie à ce sujet, qui, je l’espère, vous montrera que les choses ne sont pas si claires qu’on veuille le dire.

Sommaire

La religion judéo-chrétienne et l’homosexualité

Les origines

Remontons le temps jusqu’au Ve siècle avant notre ère. C’est à cette époque qu’a sans doute été écrit le livre de la Bible : Le Lévitique. C’est le troisième livre de l’Ancien Testament et à ce titre est contenu dans la Torah. C’est une espèce de code « de bonne conduite », sociale, religieuse et alimentaire. Le contenu pourrait en paraître désuet aujourd’hui, si ce n’est qu’il est toujours la référence des ultras orthodoxes. Il n’en paraît par moins un peu zarbi. Bien sûr on connaît la loi kasher, mais certains traditionalistes considèrent comme une offense à Dieu de mélanger les produits laitiers et la viande, par exemple.

À l’inverse, ce qui a perduré, y compris dans la religion chrétienne, c’est la condamnation sans appel de l’homosexualité :

Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme ; ce serait abomination (Lévitique 18-22)

Et voilà, c’est parti pour deux millénaires et demi !

Le nouveau testament

Celui-ci commence par les quatre Évangiles. Aucune mention d’homosexualité n’y est présente. La seule évocation de la sexualité réside dans le personnage de Marie-Madeleine, présente dans tous les quatre. Prostituée ? Compagne de Jésus ? Elle est mise en scène par les quatre évangélistes alors qu’elle verse un flacon de parfum de très grand prix sur les pieds de Jésus et l’essuie avec ses cheveux. Cela est critiqué un peu hypocritement par les apôtres qui reprochent non pas ce geste équivoque, mais le fait, affirment-ils, qu’on n’aurait pu utiliser le prix pour nourrir les pauvres. Ce à quoi il Jésus rétorque qu’ils auront encore de nombreuses possibilités de le faire quand il ne sera plus là (annonçant ainsi sa mort prochaine).

À l’inverse, on ne peut pas en dire autant du troisième livre du nouveau testament, les lettres de Saint-Paul. Celles-ci suivent les Actes des apôtres et précèdent les autres épîtres d’autres apôtres. Ces textes peuvent être considérés comme des commentaires de l’Évangile et des conseils aux nouveaux chrétiens. Paul de Tarse, citoyen romain d’origine juive, est une figure exemplaire du christianisme. Au départ, il est envoyé par les empereurs Tibère puis Caligula et le procurateur de Judée pour exterminer les chrétiens de la région. Alors que notre brave Paul chemine tranquille vers Damas, il est arrêté par une voix céleste qui lui dit : « Saül, Saül (le nom hébreu de Paul), je suis celui que tu persécutes ». Non seulement l’intéressé arrête, mais il va se révéler un zélateur passionné du Christ. Bon, le problème avec Paul, c’est que, comme disait mon grand-père « il est un peu facho sur les bords ». Alors que le Christ lui-même ne parlait que de récompenses, Saint-Paul brandit les menaces de l’enfer au coin de toutes ses lettres. Et que dire de sa vision des femmes ? « Femmes, soyez soumises à vos maris » commence-t-il dans son épître aux Éphésiens. Tout un programme. Notons quand même que cette épître est toujours présente dans la liturgie catholique et en particulier un texte proposé pour la cérémonie de mariage… Alors, quand il s’agit de rapports charnels entre personnes de même sexe, monsieur de Tarse se déchaîne :

 « Dieu les a livrés [les païens] à des passions avilissantes : leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre-nature ; les hommes de même, abandonnant les rapports naturels avec la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres, commettant l’infamie d’homme à Rica homme et recevant en leur personne le juste salaire de leur égarement » (Romains 1, 26-27).

Saint-Augustin

Il faudra attendre les IVe et Ve siècles pour en voir arriver un autre tout aussi, si ce n’est plus catégorique, Augustin d’Hippone. Il faut dire que pour le brave Augustin, se taper une bière bien fraîche quand il fait chaud, un petit repas gastronomique quand on a la dalle, sont des plaisirs qui relèvent du diable. Interdiction de jouir ! A fortiori quand il s’agit de gros câlins. On peut faire crac-crac, mais uniquement pour faire un enfant. Et puis quand celui naît, c'est quand même à cause d’un plaisir charnel. Qu’à cela ne tienne, Augustin invente alors le concept de « péché originel ». Un petit coup de baptême sur ça, et le tour est joué.

Alors que dire quand il s’agit d’un orgasme entre deux personnes du même sexe ?

Donc, dans ses Confessions, il écrit :

« Si tous les peuples imitaient Sodome, ils seraient tenus de la même culpabilité devant la loi divine, qui n’a pas fait les hommes pour user ainsi d’eux-mêmes. Car c’est violer l’alliance qui doit être entre nous et Dieu que de profaner par de vils appétits de débauche la nature dont il est l’auteur. »

Un peu plus tard, au XIIIe siècle, c’est Saint-Thomas (pas celui qui ne croit que ce qu’il voit, un autre, d’Aquin) qui assène :

« Dans les péchés contre nature, où l’ordre même de la nature est violé, il est fait injure à Dieu.

La hiérarchisation et renforcement des institutions chrétiennes

Dans ces conditions, lorsque l’Église commence à se hiérarchiser et mettre en place ses institutions, il n’est pas étonnant que l’homosexualité soit désormais considérée comme un crime. C’est le cas à partir du Moyen Âge central. Le bas Moyen Âge voit les premiers tribunaux d’inquisition. Les homosexuels des deux sexes sont passibles du bûcher. Pour les hommes, il y a encore pire, c’est le supplice du pal qui les attend parfois.

Après la Renaissance, les violences de l’Église catholique, en particulier contre les Protestants, se calment enfin. Le XVIIe siècle voit une recrudescence de la rigueur morale surtout avec le jansénisme et le mariage morganatique de Louis XIV avec la très psychorigide Madame de Maintenon. Pourtant, une grande latitude est laissée à l’homosexualité. Philippe, le frère de Louis XIV n’hésite pas à se montrer avec ses amours masculines et une grande figure féminine de ce siècle, Ninon de Lenclos, s’affiche ouvertement bisexuelle. Toutefois, pendant les deux siècles qui vont suivre se renforcent les principes moraux de l’Église catholique, surtout au XIXe siècle. C’est donc une Église moralisatrice, sclérosée et punitive qui arrive au milieu du XXe siècle.

Vatican II

C’est au pape Jean XXIII qu’on attribue le souhait de remettre les institutions ecclésiastiques « dans le siècle ». Prématurément frappé par la mort, c’est son successeur Paul VI qui continuera les réformes. Celles-ci prennent corps par le concile Vatican II en 1965. Il n’est évidemment pas question de morale chrétienne vis-à-vis de la sexualité ou de l’homosexualité. Ce sont les institutions qui sont réformées, en incluant une participation renforcée des laïcs dans l’Église. Cela permettra de rendre moins perméable les idées des fidèles au sein de cette Église. Ceux-ci peuvent alors se constituer en associations, interlocutrices privilégiées à l’écoute de leurs problèmes.

Treize ans plus tard, c’est l’élection de Jean-Paul Ier. Si sur le plan géopolitique, c’est un raz-de-marée, pour ce qui de la morale, c’est virage à 180° en vitesse. Le pape polonais jette l’anathème sur tout ce qui ressemble de près ou de loin au sexe. Plus de contraception, on fait l’amour pour avoir des enfants, point barre. Même le préservatif est « mis à l’index », preuve qu’il n’y connaissait pas grand-chose. Vatican II a quand même des effets positifs, car chez les fidèles, les choses commencent à grincer, et pour certains, le pape, on s’en fiche. C’est ainsi que dans les années 90 et début 2000, se créent des associations de catholiques homosexuels.

Benoît XVI, auprès duquel son prédécesseur passerait pour un libéral, ne va pas améliorer les choses.

 

L’islam

Difficile pour moi de faire une synthèse complète, et évidemment pertinente d’une religion que je connais mal. Heureusement, je peux m’appuyer sur ma compagne de culture musulmane pour dire quelques mots.

Bien que postérieure de 600 ans à la religion chrétienne, l’islam ne lui doit rien en termes d’homophobie. L’homosexualité est considérée comme la pire des abominations. Il ne s’agit même pas de faute ou de péché, mais de souillure. Contrairement à la chrétienté où les Évangiles n’en font aucune mention, le Coran, texte fondateur de l’islam, la mentionne dans plusieurs sourates ou versets. S’inspirant largement de la Bible, il y est ainsi mentionné l’épisode de Sodome et Gomorrhe.

« Et Loth, quand il dit à son peuple : “Vous livrez-vous à une abomination à laquelle personne de par les mondes ne s’est livré avant vous ? Certes, vous assouvissez vos désirs charnels sur les hommes au lieu des femmes. Vous êtes vraiment des gens outranciers’’ » (sourate 7, 80-81).

L’universitaire Abdelwahab Bouhdiba (1932-2020), auteur de l’ouvrage La Sexualité en islam (PUF, 2004), écrit :

« L’unité du monde ne se fait que dans l’harmonie des sexes réalisée en pleine connaissance de cause. Le meilleur moyen de réaliser l’accord voulu par Dieu, c’est pour l’homme d’assumer sa masculinité et pour la femme de prendre en charge sa propre féminité, La tradition arabe veut que quatre catégories de gens tombent sous le courroux de Dieu et soient objet de sa colère : ‘‘Les hommes qui se travestissent en femmes et les femmes qui se travestissent en hommes, ceux qui couchent avec les animaux, et ceux qui couchent avec des hommes’’. »

À une époque où l’intégrisme musulman est en croissance quasi exponentielle, les choses ne vont pas aller en s’améliorant.

L’exception lesbienne

Précisément dans les textes de l’islam, l’homosexualité est toujours désignée comme la liwat, désignant sémantiquement l’homosexualité masculine. Les amours lesbiennes ne sont pas mentionnées ni dans la Bible ni dans le Coran. Le Moyen Âge en France constitue la seule période où on a châtié des sodomites femelles. Pour l’islam, l’équivalent de la liwat féminine se dénomme sihaq, encore aujourd’hui elle n’est pas considérée comme un crime, et donc, exempte de la peine de mort. Quelques coups de fouet au plus. La même chose, et la seule exception connue, pour le judaïsme qui conseille dans un écrit du XIIe siècle :

 « Un homme devrait être particulièrement strict avec sa femme à ce sujet, et devrait empêcher les femmes connues pour se livrer à ces pratiques de lui rendre visite et elle de leur rendre visite. »

Ici aussi, le châtiment est la flagellation.

Comment expliquer cela ? De la façon la plus simple possible : les femmes n’ont pas réellement d’existence dans les sociétés patriarcales des religions du Livre (judaïsme, christianisme, islam). Alors, qu’elles s’adonnent à des pratiques homosexuelles, n’a tout compte fait pas beaucoup d’importance, puisqu’elles sont négligeables. Cela est à rapprocher de ce qui s’est passé en Allemagne entre 1933 et 1945. J’avais exposé cela dans mon article Die Freundin. À l’époque, si un homme fréquentait sexuellement un autre homme, il mettait en péril l’idéal aryen. L’homme, c’était la clé de voûte du Reich. Cela explique le triangle rose avec lequel on a envoyé des dizaines de milliers d’homosexuels en camps de concentration. Pour les femmes, les Nazis s’en moquaient royalement. Le principal étant qu’elles fassent des enfants, mâles de préférence, le reste du temps, si elles préféraient s’envoyer en l’air avec une autre femme, ils n’en avaient rien à cirer. D’ailleurs, parmi les grandes figures « féminines » du régime nazi, en particulier dans la SS, beaucoup étaient lesbiennes. Il y a quand même quelque chose de jouissif de penser que ce qui a épargné nos semblables pendant des siècles, c’était justement leur faiblesse supposée d’être des femmes.

Aujourd’hui : mini tempête au Vatican

Jamais l’homosexualité n’a été honnie autant que sous les pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI.

En 2013, le nouveau pape d’origine sud-américaine va couper les ponts avec ses prédécesseurs.

« Si une personne est gay et cherche le Seigneur, qui suis-je pour le juger ? »

déclare-t-il lors de son retour du Brésil lors des Journées Mondiales de la Jeunesse. Bon, pas de quoi s’enthousiasmer et les communautés LGTB ne le firent pas plus que ça. Cela d’autant plus que François Ier, modère ses propos quelques jours plus tard en déclarant :

« L’homosexualité n’est pas un crime, mais elle reste un péché. »

Aussi, dix ans après cette déclaration liminaire, c’est une tempête qui s’abat sur le Vatican quand, en décembre 2023, Vatican News relaie l’information que le dicastère pour la Doctrine de la foi, la principale congrégation de l’Église catholique chargée à la conformité des mœurs dans le monde catholique, a annoncé, en plein accord avec le pape, ouvrir sa bénédiction aux couples irréguliers. Entendons par ce vocable, les couples non mariés mais vivant ensemble, les couples divorcés et les couples homosexuels.

Bien évidemment, une hirondelle ne fait pas le printemps, et beaucoup d’observateurs, dont Bernard Lecompte, écrivain spécialiste du Vatican, parlent d’une évolution et non d’une révolution.

Je ne vais pas vous asséner des cours de théologie, mais il faut quand même savoir pour comprendre les choses que le rite catholique est basé sur six sacrements, qui sont un peu une mise en ligne directe avec Dieu. Parmi ceux-ci, le mariage. Une fois prononcé, puisqu’il est d’essence divine, il ne peut plus être annulé. Il est donc bien évident qu’il ne peut s’appliquer à un mariage homosexuel. Cependant, plus rien ne s’oppose à un prêtre qui le souhaite, de prononcer une simple bénédiction pour un couple gay. Cela s’est déjà fait en 2021 en Allemagne et en Belgique. Il y a cependant certaines conditions, tout à fait compréhensibles : il ne s’agit pas d’un « pseudo mariage » avec les attributs vestimentaires, paroles ou propos propres à celui-ci.

Cette déclaration pontificale, un peu surprenante quand même, fait suite à une reconnaissance de François Ier de l’union civile entre deux homosexuels.

Maintenant, ce qu’il faut craindre c’est que le pontife craque devant les pressions d’autres personnages de l’Église (et cela a déjà été écrit il y a quelques jours, car le pape parle aujourd’hui de bénédiction de « deux personnes » et non d’un couple). En particulier celle du cardinal guinéen Robert Sarah, qui paraît-il ne décolère pas. Mais, et nous ne leurrons pas (j’en reparlerai plus bas), il y encore l’immense majorité des catholiques, en particulier européens qui, nonobstant l’évolution de leur Église depuis plusieurs décennies, restent homophobes jusqu’au plus profond d’eux-mêmes.

À l’inverse, la presse internationale, de toutes tendances politiques, salue ce changement de cap.

Personnellement, la décision de François Ier me réjouit totalement, même si je reste fidèle au vieil adage wait and see !

Le cas personnel d’Anaïs Dujardin

Précisément, voici l’occasion de lever un peu le voile sur ma vie personnelle.

La découverte de l’Évangile

J’ai été élevée dans la foi catholique. D’une façon ambivalente, ce qui explique un peu ma dichotomie actuelle vis-à-vis de la religion. D’un côté, ma mère, très traditionaliste du style Christine Boutin, vade retro Satanas, à chaque fois qu’on voyait un petit bout de néné à la télé, sels et oxygène quand c’était deux meufs ou mecs qui se roulaient une pelle. De l’autre, mon père à qui je dois toute ma culture, et surtout la tolérance. C’est lui qui m’a appris à mieux connaître l’Évangile, et en particulier tout le message d’amour qui s’en dégage. Non, l’Évangile n’est pas le Lévitique ou le Coran. On n’y parle jamais de punitions, mais toujours d’amour. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. C’est peut-être une citation galvaudée, mais tellement vraie ! J’ai également été aidée par un prêtre qui était un ami de la famille. Il plaisait à ma mère, parce qu’il était issu d’une grande famille, et que son aspect extérieur était classique : costume sombre, chemise grise et col romain. À mon père, parce qu’il pouvait passer des heures à discuter de théologie. À moi, car il m’expliquait des choses toutes simples et frappées au coin du bon sens. Ainsi, à l’éternelle question des enfants et adolescents, qui est restée chez certains comme l’arme fatale : « si Dieu existe, pourquoi permet-il tout le malheur qu’il y a dans le monde ? ». Il me répondait invariablement : « tu te rends compte un peu si Dieu était derrière toi à chaque seconde et te disais ‘fais pas ci ; fais pas ça’ pour éviter que tu te blesses. T’en n’aurais vite marre, et tu finirais par lui dire ‘lâche-moi les baskets !’ eh bien, c’est ce qu’il fait. Dieu veut que les hommes soient libres, même si c’est pour faire des bêtises qui vont même jusqu’à se détruire eux-mêmes. ».

Dévoilement et péché

Puis, la vie a délité tout cela. Mes parents se sont séparés. Je n’ai plus aucune nouvelle de mon père. Même sans nous ignorer totalement, j’ai un peu perdu de vue mon ami prêtre. À la fin de mon adolescence, après une vie quasi asexuelle, à la fac j’ai fait connaissance de Denise, un peu gothique sur les bords, mais qui m’a initiée aux plaisirs lesbiens et a quitté sa compagne pour moi. J’étais heureuse et ne me suis posé aucune question sur la découverte de mon homosexualité. Et puis plein de choses se sont enchaînées. J’en parlerai peut-être un jour dans LM dans une chronique semblable à Comment je n’ai pas fait mon coming out, ici même. Cependant, j’ai donc continué ma vie de lesbienne et ma vie spirituelle en mettant un mur entre celles-ci.

Aujourd’hui, un accident de la vie a été l’occasion de reprendre contact avec mon ami prêtre. J’avais peut-être été trop vite. Honnêtement, avec toute l’amitié que nous nous portions, saurais-je me dévoiler à lui, alors que je ne l’ai jamais pour personne ? La loyauté a été la plus forte, et je lui ai fait connaître ma véritable vie et présenté ma compagne. Rassurez-vous, il ne m’a pas jeté « l’anathème », même s’il n’a pu s’empêcher de montrer une certaine déception triste, mais m’a simplement confirmé que j’étais libre de vivre ma vie comme je l’entendais. Toutefois, j’ai quand même été un peu « morigénée », car E. m’a reprochée de ne pas lui avoir dit malgré notre amitié. Compte tenu de son statut, il ne pouvait le répéter à personne, mais que je le taise équivalait à un mensonge par omission, donc un péché. Un peu biscornu, mais vrai quand même.

Conclusion

Alors, oui, oui et oui les religions du livre sont à l’origine de l’homophobie, pour ne pas dire de la haine viscérale contre l’homosexualité qui sévit encore aujourd’hui. Quand on sait cela, on ne peut être que d’accord avec Voltaire qui affirmait haut et clair que Dieu existe, mais que l’idée de déité a été pervertie par les religions.

À l’inverse, si l’origine remonte au Lévitique, c’était quand même il y a 2500 ans. Donc, aujourd’hui, pourquoi parfois tant de haine de la part de la communauté LGTB contre les cathos ? Parce que, permettez-moi de vous le dire, ça fait un peu cliché et amalgame. Ne reconnaissons pas nous-mêmes que notre « communauté » est variée, et ce qui en fait la richesse. Chez les catholiques il n’y a pas qu’une Christine Boutin ou Frigide Bardot clonées à des millions d’exemplaires. Oui, chez les cathos il y a des fachos, mais également beaucoup de personnes à l’esprit ouvert et qui reconnaissent que la vie des autres peut-être différentes de la leur. Aujourd’hui, cet état de choses est enfin reconnu par les autorités ecclésiastiques elles-mêmes. Alors, si vous êtes lesbienne, gai, bisexuel, avant de cracher sur les « cathos fachos » pensez bien que l’une d’entre vous est également catho ! Et à chaque fois ça me fait mal…

PS : pour continuer dans l’historiographie biblique, je tiens à vous signaler la sortie au moment où j’ai écrit cet article d’un documentaire de la série « Secrets d’histoire » produite par France 3 sur Marie-Madeleine mentionnée plus haut. Vous y découvrirez une femme exceptionnelle, et sans doute la première féministe de l’ère chrétienne : https://www.france.tv/france-3/secrets-d-histoire/