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| Mélissa Roche | Billets d'humeur

L'importance de la littérature lesbienne dans le féminisme

(Temps de lecture: 2 - 3 minutes)
Littérature lesbienne et féminisme

Dans un monde où les femmes sont effacées des livres d’histoire, mais aussi des bancs de l’Assemblée Nationale, la représentation féminine reste plus que jamais un enjeu de taille. La lutte féministe peut adopter bien des formes et la littérature lesbienne en est assurément une de taille.

Qu’est-ce que le féminisme ?

Très officiellement, il s’agit d’un courant de pensée qui s’est structuré à la fin du 19e siècle et qui tire ses racines du siècle des Lumières. À l’origine, il prône l’émancipation des femmes et leur libération de l’emprise patriarcale (du Père sous toutes ses formes). Bien qu’aujourd’hui la notion d’égalité tend à s’imposer, il s’agit avant tout de nous extraire du patriarcat.

Par quels moyens y parvenir ?

Les moyens d’y parvenir sont protéiformes et interconnectés. Nous pouvons toutefois identifier trois champs possibles.

Le champ intellectuel de la réflexion qui remet en question les « vérités » véhiculées par les sociétés des hommes (rappelons-nous que chaque société connue est bâtie et pensée par et pour les hommes). Il permet de libérer ses pensées et d’envisager le monde autrement.

Le champ public/politique à travers des actions directes vise à réformer nos sociétés pour y inclure les femmes.

Et enfin le champ personnel, c’est-à-dire les changements que nous nous appliquons à nous même.

Une des premières difficultés consiste à imaginer de toute pièce quelque chose qui n’existe pas et n’a plus existé dans notre partie du monde depuis des temps immémoriaux : en quoi consiste être une femme en dehors du patriarcat.

La littérature féminine (écrite par et pour les femmes) est un outil précieux

Précieux, mais imparfait puisque nous avons toujours tendance à y glisser des hommes. La littérature lesbienne nous libère de cette tentation, ou disons qu’elle facilite une vision sans hommes.

Dans la littérature lesbienne, les femmes ont le pouvoir, elles sortent de cette fausse minorité (une minorité de plus de 50% de la population mondiale) pour devenir l’alpha et l’oméga de l’histoire contée. Elle offre également un champ infini de réflexion et de représentation. De la « simple" romance qui développe des relations où la domination de l’une sur l’autre n’est pas une évidence, à la science-fiction qui imagine un avenir différent, chaque autrice peut imaginer son propre modèle libérer du poids des attentes masculines.

Et nous pouvons même aller plus loin. Dans ma trilogie XX, un virus tue tous les hommes (ou presque) et oblige les femmes à survivre sans eux, à se réinventer elles-mêmes, mais aussi à réinventer la façon de vivre ensemble, de faire société. J’ai pu y explorer différents aspects de la vie quotidienne : le travail, les relations interpersonnelles, l’économie, etc. Bien sûr cela reste un roman de divertissement, mais il a la qualité d’offrir également une alternative, une réflexion. Il permet aux lectrices de se projeter dans un paradigme différent, entièrement féminin.

Ainsi, la littérature lesbienne ne s’adresse pas seulement aux lesbiennes et bisexuelles, mais à toutes les femmes qui souhaitent lire des histoires entièrement centrées sur elles. En féminisme, nous appelons ça gynocentrée et cela nourrit la femme libre qui est en nous. Cela lui donne la force et l’envie (j’espère) d’imaginer son monde autrement.