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Les Monologues du Vagin : une pièce de théâtre contemporaine à découvrir et redécouvrir

(Temps de lecture: 3 - 6 minutes)

Les Monologues du Vagin : une pièce de théâtre contemporaine à découvrir et redécouvrir

Les conversations sur le féminisme ont souvent été marquées par des ouvrages puissants et emblématiques, et "Les Monologues du Vagin" d'Eve Ensler se distingue comme l'une de ces pièces maîtresses. Depuis sa création, elle a suscité la discussion, provoqué la réflexion et résonné dans l'âme de millions. Cet article se plonge dans l'essence de cette œuvre captivante, en explorant ses thèmes, ses performances, et en partageant des critiques personnelles. Plongeons-nous dans cet univers intime et dévoilons les mystères et les messages profonds de "Les Monologues du Vagin".

Sommaire

Les Monologues du Vagin, c'est quoi ?

Les Monologues du Vagin est une pièce de théâtre de la new-yorkaise Eva Ensler, créée en 1996 à Broadway, traduite en 46 langues et interprétée dans plus de cent trente pays. Le texte, considéré comme une référence du féminisme contemporain, est fondé sur plus de deux cents entretiens avec des femmes : jeunes, âgées, mères de famille, hétéros, lesbiennes, avocates, anciennes détenues, professionnelles du sexe, noires, hispaniques, asiatiques, bosniaques, indiennes, juives, blanches, … Ces femmes ont confié à Eve Ensler leurs sensations, leurs traumatismes. Et durant près d’une heure et demi, trois comédiennes, émouvantes, puissantes et drôles interprètent ce texte magistral, ce condensé de confessions recueillies autour de nos… vagins.

Le propos est savoureux, incongru, dérangeant parfois, empreint d’humanité et de respect toujours. Les interprètes de ces témoignages sans fards vont égrener toutes les façons dont le vagin est perçu par elles, mais aussi par le regard masculin, sans a priori à l’encontre de la moitié des individus. Ressort de ce constat une vérité glaçante : non seulement ceux qui en sont dépourvus le méconnaissent au mieux, voire le malmènent ou le martyrisent, à quelques exceptions près, n’est-ce pas Paul (vous comprendrez en voyant la pièce), mais celles qui en sont affublées ne font que l’imaginer ou pire nier son existence en le comparant à une cave, nécessaire à toute maison, mais où on n’a pas envie de s’attarder ni de visualiser l’ensemble des recoins. Certes, le vagin est chaud et humide, mais la science et l’expérience démontrent que la comparaison se termine là. 

Notre critique

Si l’introduction qui tambourine qu’on ne peut aimer les vagins sans aimer les poils prête à rire, le ton des Monologues du Vagin se montre en d’autres moment caustique.
Nous avons assisté à la pièce au théâtre toulousain les 3T où, dès le mois de septembre les représentations se poursuivront pour la dix-septième saison ! Le jeu d’actrices coloré, juste et réjouissant porte les différentes teintes de ces témoignages et hisse haut le pavillon du vagin en lui accordant toute la reconnaissance dont des siècles d’obscurantisme l’ont privé. Attention digression : l’historique du vagin, de la sexualité féminine, des tabous liés au plaisir des femmes… est rudement bien documenté dans le roman graphique « L’origine du monde » de Liv Strömquist, que nous ne pouvons que vous recommander.
Alors, comment écrire sur ce spectacle sans le spoiler ? Peut-être en exposant qu’il s’agit de la seule œuvre ou presque qui s’attarde sur la partie du corps humain où tout a commencé, pour tous et toutes, que cette pièce amène à réfléchir, par le rire, l’absurde et parfois le dramatique, les vagins étant l’endroit où se rencontrent les gamètes, par où l’enfant va naître, mais aussi la partie du corps que la société a ignorée voire choisi de présenter comme mauvaise ou entachée de péché originel, à l‘initiative bien sûr de la femme.

L’avis de Liv

Plusieurs témoignages m’ont marquée, celui d’une femme exposant que surprise à se masturber, une enfant de cinq ans a été mutilée et amputée de son clitoris, alors que la veuve poignet n’a jamais valu de tels sévices à un garcçon. Loin de moi l’idée de le regretter, mais la différence interpelle (l’ignominie de la « sanction » aussi). 
Cet autre témoignage d’une adolescente, marquée dans sa chair dès l’âge de dix ans par des abus sexuels et qui avait dès lors horreur de son corps et notamment de sa partie au dessous de la ceinture et qu’une femme de 24 ans a réconciliée avec celui-ci, par la douceur de ses caresses et en lui permettant de se le réapproprier. Détournements de mineur dans les deux cas, mais le parallèle s’arrête là ; le premier étant celui d’un rapace, le dernier étant salvateur, rappelant une scène du film La couleur pourpre.
Et surtout, au travers de ces témoignages, ce spectacle nous amène, nous femmes à nous (ré)interroger sur notre relation à notre propre corps, mais sans leçon, sans présupposés, juste des moments de vie sur cet aspect autrefois masqué car impur (et qui l’est encore dans certaines religions ou pratiques archaiques).
Et que dire du florilège de gémissements joués par des comédiennes déchainées ! Un pur moment de bonheur dont on ressort différent(e), grandi(e).

L’avis d’Alexia

Quant on sait que d’après les études démographiques, environ 10% de la population se dit LGBT+, voir notre communauté représentée dans 2 monologues sur 9 est tout de même un des aspects plus que positifs de la pièce (et peut-être révélateur… confer les études qui montrent que les femmes déclarent avoir un orgamse lors de 61,6% des rapports hétérosexuels contre 74,7% pour les relations lesbiennes).

Si les thèmes qui ont touché Liv m’ont aussi percutée de plein fouet, je retiens deux autres monologues que je souhaiterais mettre en avant. Le dernier monologue du spectacle, hurlant comme un torrent de sang et de liquide amniotique, criant comme un vagin déchiré par une épisiotomie, narre en une poésie violente, crue et tendre à la fois, le vagin au travers de la maternité. Il me fait penser au sublime roman photographique Je porte un enfant et dans mes yeux l'étreinte sublime qui l'a conçu de Frédérique Deghelt. L’autre monologue qui m’a interpelée est celui d’une femme aimant les femmes, qui a tout quitté de sa vie précédente pour se consacrer à cet amour de la féminité. Je ne peux en dire plus au risque de briser le charme, mais vous encourage à toutes aller voir ce spectacle, et le revoir aussi (pour ma part, j’avais assisté à cette même représentation 10 ans en arrière, et je me permets le parallèle, voire le grand écart sur le coup, Les Monologues du Vagin sont un peu comme Le Petit Prince de Saint-Exupéry, on les comprend et les ressent différemment selon les âges de la vie).