Love addict : le théâtre de deux vies qui s'entrechoquent

Love addict : une pièce de théâtre avec deux comédiennes délirantes. Un canapé trop mou, une nana accro aux réseaux sociaux et une copine qui boit le whisky comme du petit lait, voilà le décor de cette pièce aussi déjantée qu’hilarante.

Le contexte

Bienvenue au KFT, entendez Kafé Théâtre de Saint-Galmier dans le 42, bref la Loire si l’apprentissage des numéros des départements français n’a pas été votre tasse de thé à l’école. Sachez toutefois que le spectacle s’est déjà joué une bonne centaine de fois à travers l’Hexagone et continue de tourner partout en France. L’histoire, inspirée de l’histoire vraie de l’auteure Nathalie Cougny, modernisée par Arthur Loisel, a délicieusement été mise en scène par Bruno Romier (Brubru) et se retrouve portée par deux comédiennes Julie Bernatta et Louise Cassin (au KFT, c’était Camille).

Le lieu vaut le détour. L’entrée du bâtiment, très administratif, ne paie pas de mine, mais ne vous fiez pas aux apparences (et c’est la même chose avec Manon, archétype du personnage de la catho coincée au début de la pièce qui… finalement pourrait en faire rougir plus d’une avec une liste de conquêtes que l’on espère longue comme le bras, à la Shane de L Word) ! L’intérieur est très cosy, l’accueil chaleureux et les planches à déguster en attendant le lever de rideau sont fameuses.

Vous pouvez jeter un coup d’œil à leur programmation ici : https://www.le-kft.com/

Synopsis

Deux amies. Alice, femme libérée, fraîchement divorcée, décide de s'inscrire sur un site de rencontres, histoire de pimenter sa nouvelle vie, et Manon, conservatrice, un peu coincée et mariée depuis 10 ans.

Une soirée, un canapé, beaucoup de vin et c'est la débandade pour Alice et Manon qui vont se confronter à la réalité des mecs des sites de rencontres d'aujourd'hui, qu'ils soient mariés ou pas.

Pendant 1h10, quelques vérités s'égrènent, sans tabou, avec un humour sarcastique, et souvent décalé !

Notre avis

Un peu à la façon des monologues du vagin, sont disséqués les rapports hommes-femmes sous l’angle de la trentenaire fraîchement divorcée et devenue, par réaction, désœuvrement, solitude ou provocation, addict aux sites de rencontres. Le duo formé avec sa copine très bourgeoise parigote est savoureux tant le contraste avec l’aficionado des réseaux sociaux, dans leur acception la plus physique est flagrant. Les dialogues sont ciselés à merveille, avec un humour décapant.

Et l’ambivalence de l’être humain, qui feint de se satisfaire de plans cul tout en rêvant d’une vraie histoire, est pertinemment révélée. Les performances de ce duo de comédiennes, alternant postures de yoga ou de gym, une ou deux chansons et des échanges prenant à parti le public, est simplement top niveau. À cet égard, mention spéciale pour Éric et sa lourde carte bleue !

En résumé, un moment de rire quasi non stop et pourtant pas si léger qu’il y paraît, passant en revue à la fois nos travers dans les relations amoureuses et nos plus grandes peurs.

La morale de l’histoire pourrait être que la plus délurée ou libre n’est pas celle qu’on croit et qu’on ne connaît jamais vraiment ses amies.

Et pourtant d’amitié, il en est question tout au long de cette pièce avec la copine atteinte de logorrhée qui ne va jamais laisser son amie lui apprendre ce qu’elle est venue lui dire et celle qui descend tous les malheureux alcools qui lui tombent sous la main avant de lâcher sa bombe. Ce texte constitue une ode à l’amitié, à la liberté d’aimer qui et comme on veut, et à l’humour, véritable remède à l’austérité des jours qui ne savent que s’écouler dans le sablier du temps.

Féminisme, humour parfois grivois ou grinçant et ouverture d’esprit sont au rendez-vous de cette pièce jouissive que nous ne pouvons que vous inciter à aller voir au plus vite dans votre région !

Et le côté LGBT rétorquerez-vous ? Eh bien, transpirant tout au long de la pièce, comme des oignons suent dans une poêle, il finit par exploser en bouche ou en apothéose, mais vous en dire plus serait spoiler… réservez votre billet et vous saurez !

Pour participer au Mag, lisez cet article