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Les histoires d’amour entre femmes, une découverte ou presque au 21e siècle ?

(Temps de lecture: 2 - 3 minutes)

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Les histoires d'amour entre femmes au sens propre, ont toujours existé, et pourtant l'Histoire avec un grand H n'en fait que peu état.

Comme si cette sexualité, cette forme d’amour-la était transparente, diaphane, d’ailleurs par certains côtés mieux acceptée dans certaines franges de la société car justement jugée peu impactante, ou moins considérée. Finalement, l’homosexualité féminine a subi le sort de tout ce qui concerne le prétendu sexe faible, tout bonnement négligeable. En définitive, aux yeux de cette société patriarcale, ce qui a trait aux femmes ne revêt que peu d’importance et se retrouve bien souvent effacé. 

Alors ces histoires d'amour entre femmes ont longtemps été perçues comme des jeux plus ou moins innocents, de presque préliminaires au jour où elles rencontreraient un homme, un vrai qui les détournerait de ces billevesées. Parce que dans l’imaginaire collectif, les amours saphiques ne sont pas un accomplissement, une fin en soi, mais juste un amusement de gamines qui découvrent les émois de la chair. Combien de fois ai-je entendu que des jeunes filles qui s’étaient aimé devaient rechercher leur double, que cette relation ne se poursuivrait pas, qu’il était normal à l’adolescence de réaliser des expériences.

Mais flûte de zut à la fin. Mes émotions d’adolescente troublée par cette fille de la classe d’à côté, ne vaudraient pas une belle tragédie à la Roméo et Juliette. Pourquoi, parce que ce serait Julia et Juliette ? Et alors ? Une relation amoureuse serait nécessairement imparfaite dès lors qu’aucun des deux partenaires ne serait pourvu de service trois pièces dans le pantalon ? Et puis quoi encore ? Contrairement à ces bêtes idées reçues, l’amour entre femmes existe depuis la nuit des temps et loin d’être un loisir pour dames esseulées, il s’agit de choix délibérés de personnes parfaitement aptes à vivre pleinement leurs envies.

De la poétesse grecque Sappho, vers 600 avant JC, peu de références sont faites à ces relations entre femmes. Le terme même de lesbianisme est très tardif, apparu semble-t-il au dix-septième siècle. C’est dire le caractère secondaire, aux yeux de la société bien-pensante de ces relations saphiques. Tant qu’elles ne faisaient pas de vagues, elles n’étaient d’ailleurs pas incriminées, ces inverties comme les appelaient les tribunaux et les tribus de psychiatres venus soigner leur hystérie Plus proches de nous, les habituées du Café de l’Amazone, Nathalie Clifford Barney, se retrouvaient à Paris, entre femmes ayant goûté à « la brioche maudite ».

S’y rendait notamment Colette, la femme qui, après son divorce d’avec Willy, va assumer ses amours saphiques au point, en 1907, d’embrasser Missy, sa compagne en plein Moulin Rouge, ce qui lui vaudra l’intervention de la police.

Aujourd’hui encore, quand il s’agit de parler d’homosexualité, le grand public pensera gays et donc relations entre hommes, les ébats entre deux femmes étant sous-estimés. « Enfin quoi, elles ne font que se caresser et s’embrasser. De toute façon, elles n’ont pas le matériel adéquat. » De tels propos pourraient faire sourire, s’ils ne contribuaient pas à réduire les relations saphiques à portion congrue.

S’ils savaient..., mais il n’est pas ici le lieu de faire l’étalage prosélyte de ces amours qu’ils galvaudent et méprisent, peut-être parce qu’ils ne pourront jamais en percevoir que le reflet dans les yeux des amantes au petit matin...