Sites de rencontre pour lesbiennes - Bonne ou mauvaise idée ?
Trouver l'amour sur les sites de rencontre quand on est lesbienne... Bonne ou mauvaise idée, chacun jugera. Découvrez ci-dessous deux témoignages de femmes lesbiennes qui ont voulu tenter leur chance dans le monde merveilleux du virtuel... à leurs risques et périls...
D’après le témoignage de C., (on va être sympa on va préserver l’anonymat de nos témoins)
Comment tombe-t-on dedans à la façon d’Obélix et sa potion magique ?
Cet article pourrait être sous-titré : « comment mon agenda est devenu celui d’un ministre et ma vie une succession de saynètes de stand-up »… « Lesbienne et célibataire » aurait également pu convenir, sauf que « célibat » ne rime pas toujours avec « course contre-la-montre » pour mettre fin à cet état, dit parfois de grâce (après tout ne répète-t-on pas qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée ?).
Le mien, de célibat, n’a d’ailleurs pas commencé ainsi ! Non, après une courte phase larmoyante, j’ai décidé d’être branchée, « in », « tendance »… et de me retrouver, moi. Je ne sais pas si, in fine, je me suis si vite aimée que le besoin d’être aimée par une autre s’est rapidement fait sentir, ou si, tout simplement la solitude n’est pas – mais alors pas du tout – ma meilleure amie. Vraiment désolée pour la malheureuse qui loupe quelque chose.
Premiers pas sur des sites de rencontre pour lesbiennes
Je n’ai pas manqué de tendre l’oreille lorsque, dans son incommensurable bonté, la femme qui venait de me briser le cœur a jugé opportun d’évoquer avec moi un moyen imparable d’en réparer les morceaux : « Pourquoi ne t’inscrirais-tu pas sur un site de rencontre ? ». J’ai d’abord réfuté cette possibilité, avant de la reconsidérer. Après tout, avec ma trentaine bien sonnée, j’ai naïvement pensé pouvoir séduire comme autrefois, arpenter les bars gay friendly jusqu’à pas d’heure et y rencontrer possiblement la perle rare. Erreur de débutante ! À près de quarante ans, je n’ai pas mesuré combien à peine le seuil d’un bar franchi, les cernes, mes tout premiers cheveux blancs (apparus la veille, sans mentir), et le petit, que dis-je minuscule, bourrelet ourlant mon ventre allaient attirer les regards réprobateurs de midinettes buvant leur mètre de bière sans prendre un gramme ! Déçue de ne pas retrouver la verve de ma jeunesse, je me suis donc lancé, un peu honteuse, sur deux applications dédiées aux amours saphiques.
Après moultes tentatives infructueuses à surfer avec légèreté dans ces galeries de portraits, j’ai enfin compris que je devais me photographier avec un code qui venait de m’être attribué pour pouvoir entrer. J’ai donc montré patte blanche et débarqué, avec mes gros sabots, sur des applications dites « safe » et « bienveillantes ». J’y suis restée environ deux jours, avant de déchanter totalement… Entre les illuminées se pensant capables de momifier un citron par la force de la pensée, les enflammées déclamant des « je t’aime » après trois lignes de conversation et les femmes soi-disant débonnaires, tellement emplies de bonhommie qu’open à environ toutes les propositions, voire très suggestives, trop… mon « marché » prenait fin. Je désinstallai toute cette agitation de mon téléphone et retournai à mon existence simple IRL (in real life).
Et après ?
Eh bien, n’étant pas Laura Pausini, la solitudine ne me tentait toujours pas… J’ai donc donc les conseils d’une amie (de dix ans plus jeune) qui me soufflait à l’oreillette de tenter un site au succès planétaire plutôt que mes pauvres applis pour goudous perchées.
Après quelques jours d’essais/erreurs, j’ai compris qu’il me fallait liker un profil et être likée en retour pour obtenir un match me permettant d’échanger avec la demoiselle en question. Je me suis sentie comme une milliardaire dans un magasin de luxe un jour de soldes (l’image est plus sympa qu’une mouche dans un pré empli de vaches et donc…) et je me suis mise à cliquer sur des cœurs à tout va…
Ô surprise, mes clics me m’ont permis d’engager la conversation avec des femmes aux réparties plus engageantes les unes que les autres. J’étais vraiment cette milliardaire de l’amour que j’avais rêvée (un petit côté mégalo sans doute).
Comme Gin et Tania dans « Prescriptions amoureuses » d’Alexia Damyl, j’ai enchaîné les rencontres : un thé dans une librairie tartinerie le lundi, un cocktail le mardi, un cinéma le mercredi… Je me suis donc fait menotter par une policière plus entreprenante que prévu le jeudi, j’ai suivi les ballons multicolores accrochés au vélo d’une poète le vendredi et j’ai participé à une manifestation engagée avec une défenseuse des droits le week-end suivant. Mes draps se sont rapidement froissés, et plus d’une fois. Pour autant, cette saleté de solitude continue de me coller aux basques, presque autant que mon ombre.
Pour conclure
Eh oui, il faut bien une chute à cette succession de mots comme à ce ballet de rencontres sans lendemains… J’aurais certainement pu trouver l’aiguille dans cette botte de foin, ou chaussure à mon pied. Je crois qu’en réalité, je ne suis pas encore prête à ma chevauchée fantastique. Aujourd’hui, j’ai fermé mon écran et éteint la petite flamme qui apparait pour me notifier d’une potentielle rencontre. Ces expériences m’ont enrichie et je ne les déconseille pas, pas plus que je ne les recommande, à chacune de tracer sa route et de tenter ou non de « forcer le destin à chaque carrefour ». Pour ma part, je vais continuer à chanter « Quand on a que l’amour »…
D’après le témoignage de M. : Tombée des nues
Moi qui suis à la base une romantique dans l’âme, une vraie fleur bleue, j’ai pris une méchante fouille (comprendre ici tomber douloureusement) quand j’ai visité et utilisé le seul site et le plus facile d’accès dans mon cas, de l’un des réseaux sociaux les plus connus. Je vous l’avoue sur le champ : je suis out, démodée. Vieille pour ce genre de truc et vierge à la fois. Après une relation qui a duré un peu moins d’un quart de siècle, je suis dépassée par ce style d’approche.
Les habituées qui scandent « si t’aimes pas, glisse à gauche », ou encore des termes dont j’ignore la teneur : 420 friendly, « je ne suis pas une licorne », bref, j’émerge dans ce monde qui me semble à part et qui ne me ressemble pas. Mais qu’est-ce que je fous ici ? Puis la curiosité m’emporte…
Première constatation : tout est axé sur la rapidité d’accès, tant l’appli, l’inscription que les candidates en elles-mêmes. Puis viennent les suggestions de profils qui, il semblerait, correspondent au mien. Oui, des femmes il y en a. Mais la réalité est que le moteur de matchmaking du site est tout simplement terrible ! Femmes hétéros, trop jeunes ou trop vieilles, les profils proposés sont à 75% erronés. Et que dire des hommes qui ont aimé votre profil ? Alors nul besoin de vous dire que j’ai rapidement appris à « glisser à gauche ».
Les photos des corps exposés par les femmes en quête d’amour mettent l’accent sur le physique et non sur les valeurs morales. Vous me direz : « bien sûr que tu vas miser sur les valeurs avec tes rondeurs ». Oui, c’est vrai, je ne fais pas partie de celles qui peuvent se payer le luxe de se promener en bikini sur la plage. Et pour cette raison, c’est encore plus difficile de rencontrer. Le jugement tombe en moins de deux secondes, juste après avoir observé votre photo de profil, lu votre âge et votre ville. Et que dire des étiquettes ? Active, sportive, routinière, casanière, extravertie, fumeuse, etc. Tout y est tellement spécifique, strict et cloisonné par ces catégories qu’en même temps, elles ne laissent pas ou peu de place à être tout ceci à la fois. Comment se retrouver, s’identifier dans un monde si flou ?
Est-ce passer par les sites de rencontre qui soit difficile ou bien correspondre à leur clientèle ? Je vous dirais qu’en fait, le plus dur est de rester fidèle à soi-même sans que votre estime ne se prenne un sale coup en pleine gueule pour cette sphère où le superficiel et le jugement rapide sont rois.
Et vous ? Avez-vous trouvé l'amour sur ces sites de rencontre pour lesbiennes ?
Propos recueillis par Alexia Damyl
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Alexia Damyl
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