Film féministe : "Simone, le voyage du siècle"
Un dimanche avec une ado et une pré-ado, comment occuper ce beau monde intelligemment ? Et si nous allions voir un biopic ? Un quoi ? "A Serial killer" (pour les moins de vingt ans, jetez un œil à La Cité de la Peur), non, un film biographique pour en finir avec les anglicismes. Ou comment être gratifiée d’un « bravo pour votre engagement » par la guichetière quand vous êtes la seule maman à amener vos enfants visionner Simone, le voyage du siècle et pas un énième dessin animé.
Sommaire
Synopsis
Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité.
Certes, mais Simone Veil n’a rien de lesbien
Alors en s’aventurant sur ce chemin, Zazie, Madonna ou Mylène Farmer, elles non plus n'ont rien de lesbien (si ce n’est sa prétendue histoire d’amour avec Dorothée, mais cela ne nous regarde pas), et pourtant il n’est pas outrageant de les élever au rang d’icônes gaies. Et puis, le film s’ouvre tout de même sur le débat sur l’avortement avec la réplique culte d’un député visionnaire « si on légalise aujourd’hui l’avortement, on nous demandera demain de légaliser le mariage homosexuel », mais tout à fait Thierry !
Ses choix de vie, ses prises de position féministes, son acharnement à faire de la lutte contre le SIDA une priorité absolue avec des phrases qui restent ancrées dans la mémoire collective comme « la réponse au sida sera humaniste ou ne sera pas », son refus de devenir sténodactylo du Garde des Sceaux quand ce poste était la plus haute ambition qu’une femme puisse avoir… et toutes les facettes de cette femme au destin tragique et à la persévérance héroïque donnent à Simone Veil le droit de cité.
Simone, après une enfance heureuse, a connu la déportation. Revenue des camps de l’horreur, elle a choisi de se réaliser dans la carrière qu’elle s’était promise. Après Science Po et avec trois enfants en bas âge, elle décide de devenir avocate. Simone, en dépit du machisme ambiant, devient haute fonctionnaire et révolutionne les conditions de détention dans les prisons françaises. Elle qui revient de Pologne où les siens ont péri, où le typhus, les rats, la famine, la maltraitance, l’horreur et pire que cela ont été son quotidien, se bat pour un « plus jamais ça », pour que les détenus soient simplement traités comme les êtres humains qu’ils sont.
La suite, la plupart la connaissent. Ministre de la Santé, en 1974, elle s’érige au statut d’icône de lutte contre la discrimination des femmes et permet de faire adopter la loi dépénalisant le recours à l’interruption volontaire de grossesse. En 1979, elle se hisse à la tête du Parlement européen et devient la première femme à accéder à ce poste. En 1994, Simone Veil fait encore une fois preuve d’une humanité remarquable. Quand les séropositifs sont pointés du doigt, exclus, traités comme des pestiférés, elle refuse d’ouvrir le JT de 20h depuis une chambre d’hôpital symbolique, vide de malades et exige de rencontrer un patient. Suite à cet entretien qui la bouleverse, elle ne pourra apparaître à l’antenne comme prévu. On comprend aisément cette réaction non pas de faiblesse, mais digne des plus grands, lorsque quelque temps plus tard une toxicomane impressionnée lui dit « je n’ai jamais rencontré de ministre, moi ». Mais Simone Veil n’est pas une magistrate en représentation, elle est une femme engagée contre l’injustice, à tous les niveaux, elle parle vrai et lutte avec son âme.
Mon avis
Je crois que vous l’aurez compris, ce film m’a bouleversée. C’est d’ailleurs la première fois que je vois une salle comble de cinéma applaudir de la sorte à la fin d’une projection.
Alors bien sûr, du haut de ma presque quarantaine j’avais quelques souvenirs de cette grande dame. Je me rappelais sa prise de position lors de la guerre en Bosnie en 1994, mais ce n’étaient que de vagues souvenirs d’enfant. Aujourd’hui j’ai compris. J’ai saisi à quel point son passé a hanté Simone tout au long de sa vie, à quel point être fille d’une maman chimiste que l’époque a condamnée à rester au foyer a fait d’elle cette battante, à quel point être la petite dernière de la fratrie lui avait donné la force d’emmerder le monde pour le rendre plus beau (je suis aussi née en quatrième position, mes frères et sœurs pourraient acquiescer…) Ce film n’est pas simplement un bon moment passé au cinéma (car le mot bon se discute, personnellement j’ai eu la larme à l’œil les 2h20 que dure le film), il est un véritable travail d’orfèvre en matière de mémoire collective. Parce que les combats d’hier sont hélas encore ceux d’aujourd’hui.
La bande annonce
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