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Les lesbiennes en prison et dans le monde carcéral

(Temps de lecture: 3 - 6 minutes)

Les lesbiennes en prison et dans le monde carcéral

Les lesbiennes en prison, voilà des thèmes que nous connaissons toutes et tous  la télé !

Qui ne s’est jamais interrogé sur l’existence réelle ou fantasmée de relations sexuelles dans certains microcosmes, à fortiori quand ceux-ci ne comportent que des représentants du même sexe ? Au premier plan de ces endroits, où surtout ceux qui n’y ont jamais pénétré imaginent aisément des rapports quasi quotidiens, la prison et singulièrement la prison pour femmes.

Alors que sont ces lieux de détention ? De hauts lieux de toutes les fantaisies sexuelles d’un lesbianisme débridé ou un univers sale, déprimant et dépourvu de toute intimité ? Si un sondage était réalisé en micro-trottoir, nul doute que les participants opteraient pour la première hypothèse tant l’amour entre femmes a ceci de particulier qu’il nourrit les fantasmes des hétérosexuels autant que des lesbiennes. Pour en savoir plus, il faut plonger dans l’atmosphère d’une cellule de prison, vivre le quotidien de ces femmes détenues qui partagent une même cellule, sans intimité, même pour la toilette ou les toilettes. 

Comment y parvenir, comment aller jusqu’au bout du fantasme ou de l’investigation purement scientifique ? Comme pour de nombreux domaines, rien de tel que la littérature pour s’évader, à rebours en l’occurrence, dans les méandres d’un quartier de femmes d’une maison d’arrêt française, avec ces codes, ces bruits incessants, ces grilles. Nous avons eu la chance de vivre cette expérience par les mots d’une auteure qui connaît son sujet de près, mais, espérons-le pour elle, pas de trop près tout de même. 

Comme si l’auteure, Liv Land avait placé une caméra sur l’épaule d’une codétenue de cette cellule où se côtoient plusieurs femmes aux parcours très divers, vous pourrez vivre cette immersion dans l’univers carcéral féminin de l’intérieur, dans ce roman L’ironie du sort, aux nombreux rebondissements. Vous vibrerez avec Anne, l’héroïne au caractère bien trempé, mais qui va faire face à des émotions aussi extrêmes et diverses que l’attirance physique, la douleur ou la peur de mourir.

Découvrez ci-dessous l'interview de l'autrice Sharleen Foxx, qui travail dans un pénitencier en France.

Le monde carcéral est-il tel qu’on peut l’observer dans les films ou séries télévisées, non pas comme la parodie « Orange is the Black », mais davantage comme « Wentworth » ? Être lesbiennes en prison est-il comparable à ce que nous voyons sur petits et grands écrans ?

Tous les univers carcéraux sont différents suivant les pays, OITNB (US), Wentworth (Australie) ou encore Bad girls (Angleterre)… par exemple, pas de réfectoire où tout le monde mange ensemble, en France les personnes détenues mangent dans leurs cellules. De même pour les portes de cellule, parfois des simples barreaux, parfois des portes pleines. Et bien entendu les dortoirs communs n’existent pas en France car l’encellulement individuel est préconisé dans le code pénal, on pourra tout de même trouver la possibilité de 4 détenues maximum dans une même cellule par manque de place (et uniquement pour des détenues en attente de jugement ou pour des peines inférieures ou égales à 2 ans).

Y’a-t-il une communauté lesbienne en prison ?

Il y a en effet des détenues femmes lesbiennes qui s’assument pleinement mais pas de communauté à proprement parlé. Il y a moins de 3000 femmes incarcérées en France, ce qui est peu… les seules communautés reconnues et isolées en France sont les trans H, ils sont dans des ailes particulières des établissements.

Arrive-t-il que des femmes hétérosexuelles aient des relations émotionnelles et/ou charnelles en prison ? Est-ce autorisé par l’administration pénitentiaire ?

Oui ça arrive. La promiscuité et le manque de relation sociale favorise les rapprochements de certaines femmes hétérosexuelles vers d’autres femmes lesbiennes ou non, surtout lors de longues incarcérations.

En France, il n’y a pas d’interdiction sur les liens entre personnes détenues. Cependant, une vigilance particulière est forcément mise en place par les personnels car les drames intra – muros peuvent arriver. Un exemple dramatique que j’ai vécu :  le suicide d’une femme lorsque sa compagne a été libérée, elle ne se voyait plus rester incarcérée encore de longues années sans elle, c’était trop lourd...

Il y a également les conflits de séparations et de nouveaux couples, donc forcément jalousie et rivalité…

Est-il facile d’être lesbienne en prison ? Les lesbiennes font-elles face à de l’homophobie ?

Les surveillants ont l’obligations de veiller à ce qu’il n’y ait aucune discrimination dans l’établissement. Les lois sont les mêmes à l’intérieure et hors de l’enceinte pénitentiaire (mais il y a des cons partout !). Donc en règle général, oui, les lesbiennes peuvent s’afficher comme tel et en parler librement, même avec les surveillantes.

Les relations lesbiennes sont-elles autorisées en prison ou les femmes cachent-elles leur bisexualité ou  homosexualité ?

Les relations de couples ne sont pas interdites mais le code pénal ne les autorise pas non plus ouvertement.

Les personnes détenues purgeant des peines supérieures à 2 ans (en centre de détention), sont obligatoirement seules en cellule 12h/24h… si couple il y a, elles se retrouvent la journée au travail ou lors d’activité. Les lieux d’intimité n’existent pratiquement pas (sauf les douches si elles sont communes, ça existe encore dans certains établissement), il y a des surveillants et des caméras partout. Les personnes détenues qui s’isolent dans les ateliers ou les gymnases comme on voit à la TV… c’est quasiment impossible en France.

Pour les peines inférieures à 2 ans ou les personnes détenues en attente de jugement (en maison d’arrêt), il est possible qu’elles se retrouvent à 2 (3 ou 4) dans une cellule. Donc la seule intimité est de 19H à 07H du matin quand les portes sont fermées la nuit. Il reste cependant les rondes régulières des agents et le contrôle à l’œilleton, obligatoires pour la sécurité des personnes détenues.

En règles générales, c’est un peu comme à l’extérieure : les lesbiennes s’affirment et s’affichent sans problème sans exagération non plus. Les femmes hétéro ou bi sont bien plus discrète et n’assument pas forcément et s’affichent encore moins…

Vous souhaitez lire un roman qui met en exergue des personnages lesbiennes en prison ? "Découvrez ci-dessous le résumé de "L'ironie du sort", le deuxième livre lesbien de Liv Land.

Roman lesbien "LRésumé : Anne, quarante ans, est une femme cultivée, destinée à une carrière prometteuse, jusqu'à ce qu'une rencontre bouleverse son quotidien et la conduise en prison. Elle devra survivre et cohabiter avec trois codétenues dans un milieu hostile qui lui est étranger et où les menaces rôdent.
Mais qui est-elle vraiment ? Est-elle cette femme d’affaires un peu trop lisse ?
Quel délit a-t-elle pu commettre pour se retrouver derrière les barreaux ?
Et si son passé et les ennemis qui y gravitent la rattrapaient ?

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