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| Kyrian Malone | Arts et Culture

"Voleuses" de Mélanie Laurent, entre action, féminisme et subtext lesbien

(Temps de lecture: 3 - 6 minutes)

"Voleuses" de Mélanie Laurent, entre action, subtext lesbien et... un brin de déception

Le film "Voleuses", réalisé par la talentueuse Mélanie Laurent et sorti sur Netflix le 1er novembre 2023.

Autant vous dire que je trépignais d'impatience de le regarder puisque j'adore particulièrement l'actrice qui n'hésite pas à aborder des thèmes féministes dans ses productions. Le film s'inscrit dans les récits de sororité et d'empowerment féminin qui captent l'attention, notamment avec un casting éclatant mené entre autre par Adèle Exarchopoulos et Isabelle Adjani. Il faut aussi savoir que ce film est une adaptation de la bande dessinée "La Grande Odalisque" de Jérôme Mulot, Florent Ruppert et Bastien Vivès, qui est elle-même inspirée de manga "Cat's Eyes" de Tsukasa Hôjô... Puis l'extrait m'avait littéralement conquise.

Sommaire

Attention, cette chronique contient quelques spoilers !

Résumé de l'intrigue

Dans "Voleuses", Mélanie Laurent orchestre le récit de deux cambrioleuses, Alex et Carole, interprétées respectivement par Adèle Exarchopoulos et Mélanie Laurent elle-même. Vivant de l'adrénaline de leurs méfaits, elles envisagent un dernier coup en Corse pour s'affranchir de leur patronne malfaisante, incarnée par Isabelle Adjani. Leur objectif : dérober l'œuvre "La Grande Odalisque" de Martial Raysse. Pour ce faire, elles recrutent une troisième complice, la jeune et talentueuse conductrice Sam, jouée par Manon Bresch. Ce qui commence comme un casse classique se transforme rapidement en une exploration de la dynamique entre ces femmes, leurs aspirations à la liberté et les liens qui les unissent.

Le thème de la sororité et le subtext lesbien

La sororité est le thème central de "Voleuses". Ce concept, qui célèbre l'alliance et le soutien mutuel entre femmes, est devenu un sujet de prédilection de Mélanie Laurent et reflète aussi les mouvements sociaux actuels qui prônent l'égalité et la solidarité féminine. Dans ce contexte où les histoires de femmes fortes et indépendantes sont de plus en plus valorisées, "Voleuses" s'efforce de capturer l'esprit de ce phénomène culturel. Le film cherche à dépasser les stéréotypes, en présentant des personnages féminins complexes qui s'entraident dans un monde dominé par les hommes tout en abordant les nuances de leur relation, qu'elle soit amicale, professionnelle ou quelque part entre les deux. Les personnages de Alex et Carole sont proches, très proches... une amitié qui flirte avec une force ambigüité quand elles sont ensembles. Elles  se nomment par des petits noms comme "bébé" ou "mon amour" et l'arrivée du bébé de Carole est considérée comme un membre de leur "famille" dont elles seront les deux mamans. Deux amies peuvent-elles considérer cette option de vie ? Peut-être... Je peux néanmoins comprendre les critiques qui soulignent une sensation de malaise tout au long du film car la relation des deux héroïnes n'entre pas dans la définition stricte de l'amitié ou de l'amour. Elle est entre les deux et l'étonnement atteint son paroxysme quand on apprend que Sam est la lesbienne... bien sûr victime d'un drame amoureux, comment aurait-il pu en être autrement ?

Avis des spectateurs et des critiques

Par curiosité et restant en quelque sorte sur ma "faim", je suis allée lire les critiques générales du film. Et la réception de "Voleuses" est aussi variée que son mélange de genres.

Les spectateurs oscillent entre l'admiration pour les performances des actrices et la déception face à certains aspects du film. Et je suis également partagée. Les extraits promettaient humour, action... et après 2h de visionnage, j'ai eu le sentiments que les extraits résumaient tous les meilleurs moments sans exception.

Il y a eu des éloges pour l'alchimie entre Adèle Exarchopoulos et Mélanie Laurent, ainsi que pour la performance charismatique d'Isabelle Adjani. Les moments d'humour et les scènes d'action ont été salués pour leur énergie et leur capacité à divertir. D'un autre côté, des critiques ont pointé du doigt une intrigue jugée caricaturale et un manque de profondeur dans le développement des personnages et de l'histoire.

Honnêtement j'ai tenu les 2 heures uniquement parce que j'affectionne particulièrement les actrices, mais le film me laisse un goût d'inachevé. Il manque un ingrédient essentiel que je ne saurai définir. Est-ce le jeu des actrices, les dialogues parfois lourdingues, le manque d'action alors que certains sites nous promettaient un "Mission impossible" à la française ? Je pense surtout que d'avoir eu des attentes trop élevées a conduit à cette déception et la disparité des opinions sur "Voleuses" reflète aussi la complexité de satisfaire un public aux attentes diverses. Certains ont trouvé le film rafraîchissant et un ajout bienvenu au genre du film de casse, appréciant son ton léger et son approche féministe. D'autres ont critiqué le film pour ce qu'ils considèrent comme un manque d'originalité et une exécution qui laisse à désirer, en particulier en comparaison avec des œuvres similaires plus réussies. Cette division des opinions souligne le défi de créer un film qui soit à la fois significatif et universellement divertissant dans le contexte actuel du cinéma.

En résumé, "Voleuses" ne s'inscrit pas dans la même veine que "Le Bal des folles", une œuvre précédente de Mélanie Laurent, qui a marqué les esprits par sa puissance narrative et la profondeur de ses thématiques. Là où "Le Bal des folles" invitait à une réflexion soutenue et à une immersion dans les luttes féminines d'une époque révolue, "Voleuses" se positionne davantage comme un film de divertissement, sans prétendre à un impact aussi marqué sur le spectateur.

Pour la culture lesbienne, "Voleuses" représente une occasion manquée, notamment dans le traitement de la relation entre Alex et Carole. Le film effleure la possibilité d'une romance ou d'une complicité plus profonde entre les deux protagonistes, ce qui aurait pu ajouter une couche supplémentaire d'intérêt. Cependant, cette dynamique reste beaucoup trop ambiguë et superficielle, ne s'aventurant jamais pleinement dans l'exploration d'une relation. C'est ma déception, même si elle est égoïste ! L'approche du faux couple formé par Alex et Carole aurait pu être une métaphore puissante pour les luttes et les solidarités spécifiques au sein de la communauté lesbienne, mais le film ne saisit pas cette opportunité.

Au lieu de cela, il se contente de survoler la surface de ce qui aurait pu être une représentation significative et engageante de l'amour entre femmes.... mais sans doute les critiques auraient pu être plus acerbes encore et marquées d'homophobie !

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