Top 10 des meilleurs films plus féministes de tous les temps
Le cinéma, cruel miroir de la société, se révèle être un sublime vecteur du féminisme, capable de porter haut et fort des messages d’égalité, d’émancipation et de dignité pour les femmes. Voici une sélection, certes subjective mais ô combien passionnée, de 10 films féministes (et essentiels) qui ont selon moi marqué l’histoire du féminisme par leur engagement, leur audace et leur portée symbolique. Ce sont dix œuvres incontournables, variées dans leur genre et leur approche, mais toutes animées par une vision claire et engagée des luttes féministes.
Résumé
- Thelma & Louise (Ridley Scott, 1991)
- Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019)
- Mad Max: Fury Road (George Miller, 2015)
- Mustang (Deniz Gamze Ergüven, 2015)
- Persepolis (Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, 2007)
- La Leçon de piano (Jane Campion, 1993)
- We Want Sex Equality (Nigel Cole, 2010)
- Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017)
- La Belle Saison (Catherine Corsini, 2015)
Thelma & Louise (Ridley Scott, 1991)
Considéré comme l’emblème du féminisme moderne à l’écran, ce road-movie iconique de Ridley Scott se saisit d’une histoire simple pour en faire un puissant manifeste féministe. Deux amies, Thelma (Geena Davis) et Louise (Susan Sarandon), prises au piège d’une société patriarcale et oppressive, prennent la route vers une liberté éphémère mais intense. En se rebellant face aux agressions masculines, elles transgressent définitivement les frontières imposées par leur genre. Les personnages sont complexes, entiers, profondément humains, bien loin des archétypes féminins habituels. Le film pose frontalement la question du consentement, du viol, du harcèlement sexuel, thèmes jusqu’alors peu abordés aussi frontalement au cinéma.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il ose montrer des femmes prenant leur destin en main sans excuses, sans compromis, en défiant l’autorité masculine jusqu’au bout de leur liberté.
Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019)
Avec ce chef-d'œuvre sensible, Céline Sciamma redéfinit radicalement le regard porté sur les femmes et leur désir. À la fin du XVIIIᵉ siècle, Marianne (Noémie Merlant), peintre indépendante, est chargée de réaliser en secret le portrait d’Héloïse (Adèle Haenel), jeune femme contrainte à un mariage imposé. Le film, entièrement centré sur l’intimité féminine, donne la parole à des femmes qui résistent discrètement à l’oppression patriarcale par la puissance de leurs sentiments et de leur art. En privilégiant un regard féminin qui célèbre l’autonomie du désir, Sciamma signe une œuvre majeure de l’histoire féministe du cinéma.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il s’inscrit dans une démarche radicale : filmer les femmes sans objectification, dans une perspective authentiquement féminine.
Mad Max: Fury Road (George Miller, 2015)
Ce blockbuster survitaminé d’apparence masculine renverse radicalement les codes du genre. Au milieu de paysages post-apocalyptiques, l'héroïne Furiosa (Charlize Theron) s’impose comme la véritable protagoniste, en libérant un groupe de femmes réduites à l’état d’esclaves sexuelles par un despote tyrannique. La dimension féministe apparaît évidente : les femmes y sont combattantes, leaders, solidaires, moteurs d’un changement social profond. Les hommes eux-mêmes, à l’image de Max (Tom Hardy), sont relégués en position d’alliés, d’égaux mais jamais de sauveurs paternalistes.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il déconstruit l’image classique du sauveur masculin et met en avant une héroïne guerrière indépendante.
Erin Brockovich, seule contre tous (Steven Soderbergh, 2000)
Julia Roberts incarne ici Erin Brockovich, mère célibataire sans diplômes, qui s’attaque avec détermination à une grande compagnie polluante. À travers le parcours de cette femme ordinaire devenue héroïne extraordinaire, le film montre la puissance de l’intelligence émotionnelle, de l’instinct et de l’empathie féminine dans un monde capitaliste agressif dominé par les hommes. Le personnage incarne une féminité affirmée sans jamais céder aux diktats misogynes de son milieu.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il valorise les compétences féminines, affirmant que les femmes n’ont pas à adopter les codes masculins pour réussir.
Mustang (Deniz Gamze Ergüven, 2015)
« Mustang » dénonce sans détours l’oppression patriarcale en Turquie à travers l’histoire poignante de cinq sœurs pleines de vie et de fougue. Prisonnières de leur famille et destinées à être mariées de force, elles cherchent par tous les moyens à conserver leur liberté. Ce film intense, sensible et engagé fait résonner un cri de révolte nécessaire, dénonçant les carcans imposés aux femmes, et célèbre la solidarité féminine comme moteur de résistance et d’émancipation.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il révèle au grand jour la violence sournoise et banalisée des traditions patriarcales qui continuent à oppresser les femmes partout dans le monde.
Persepolis (Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, 2007)
Adapté de la bande dessinée autobiographique de Marjane Satrapi, Persepolis explore le parcours d’une jeune Iranienne confrontée aux bouleversements politiques de son pays. L’œuvre dénonce avec intelligence et ironie les oppressions imposées aux femmes sous un régime fondamentaliste, tout en questionnant subtilement l’exil, l’identité, et l’indépendance féminine. Le personnage de Marjane incarne une rébellion salutaire face aux obligations religieuses et sociales.
Pourquoi c’est féministe ? Parce que la révolte du personnage principal contre un régime oppressif est profondément universelle et inspirante.
La Leçon de piano (Jane Campion, 1993)
Jane Campion livre ici un film d’une sensualité rare et d’une subtilité exceptionnelle, porté par la formidable Holly Hunter. Muette, Ada s’exprime exclusivement à travers son piano. Échangée comme épouse dans un mariage arrangé, elle cherche son émancipation par l’expression artistique, refusant les contraintes imposées par une société coloniale et masculine. Le film explore sans concession le désir féminin, l’identité, et l’émancipation à travers l’art.
Pourquoi c’est féministe ? Parce que l’héroïne affirme sa voix et son désir face à un patriarcat qui la veut silencieuse et soumise.
We Want Sex Equality (Nigel Cole, 2010)
Cette comédie dramatique relate une lutte sociale authentique : celle des ouvrières de Ford en Angleterre, en 1968, qui exigèrent l’égalité salariale avec les hommes. Le film allie habilement humour et gravité pour retracer un épisode fondamental du féminisme social, rappelant l’importance de l’action collective pour obtenir des droits fondamentaux.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il rappelle que les droits fondamentaux des femmes furent conquis par la lutte syndicale et collective, en résonance avec les enjeux actuels.
Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017)
Patty Jenkins propose un film de super-héroïne enfin réussi, incarnant avec fierté la puissance féminine. Diana, amazone aux valeurs pacifistes mais prête à combattre, se retrouve dans un monde d’hommes en guerre, refusant pourtant tout compromis sur ses convictions morales et éthiques. Le succès du film a ouvert les portes à d’autres représentations positives des femmes fortes dans la culture populaire.
Pourquoi c’est féministe ? Parce que l’héroïne est puissante et indépendante, incarnant pleinement les valeurs féministes sans renier sa féminité.
La Belle Saison (Catherine Corsini, 2015)
Ce film lumineux de Catherine Corsini nous plonge dans les années 1970, époque de libération féministe intense en France. Delphine (Izïa Higelin), jeune paysanne montée à Paris, rencontre Carole (Cécile de France), militante féministe passionnée. Leur histoire d’amour bouleverse leurs certitudes et met à l'épreuve leurs engagements, entre émancipation personnelle et pressions sociales persistantes. Avec sincérité et poésie, le film explore magnifiquement les désirs féminins, l’engagement féministe et l'affirmation d'une sexualité libérée des carcans patriarcaux.
Pourquoi c’est féministe ? Parce qu’il célèbre avec justesse la sororité, l’amour entre femmes, et montre comment les luttes féministes transforment intimement la vie des femmes en quête d'identité et d'indépendance.
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