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| Kyrian Malone | Arts et Culture

Rencontre avec Gaëlle Cathy : de la passion pour la langue anglaise à l'écriture de romans lesbiens

(Temps de lecture: 12 - 23 minutes)

Rencontre avec G.C. Lehane : de la passion pour la langue anglaise à l

C'est dans les années 2000 et 2010 que je découvre Gaëlle Cathy, autrice de fanfictions du pairing Buffy/Faith de la série "Buffy Contre les Vampires". Je pourrais dire que ses histoires, ainsi que celles d'autres écrivaines de l'époque comme "Elegy" ou "June87" ont provoqué en moi le déclic, celui qui m'a incité à écrire, à rêver, à imaginer à mon tour l'impossible : une relation entre deux Tueuses... C'était donc une évidence, après toutes ces années, d'offrir une place toute particulière à cette écrivaine parmi les 5 autrices qui ont révolutionné la littérature lesbienne.

Je vous invite à découvrir son interview et à plonger dans l'univers de cette autrice talentueuse qui partage avec nous ses expériences, ses projets futurs et ses conseils pour les jeunes écrivains qui souhaitent se lancer dans la littérature lesbienne.

Comment votre passion pour la langue anglaise et les voyages a-t-elle influencé votre écriture ?

L’anglais a été capital dans mon écriture. L’une des rares matières dans lesquelles j’excellais à l’école.

Déjà, pour les lectrices/lecteurs qui ne le savent pas, j’ai d’abord écrit des romans en anglais, de 2011 à 2021. Je n’ai commencé à écrire en français qu’en 2016 en traduisant ces romans.

Fin des années 90/début 2000, j’ai succombé au monde des fanfictions autour de la série Buffy the Vampire Slayer, pour laquelle je vouais une passion phénoménale. J’ai lu quelques fictions en français, toutefois je suis vite passée aux fanfictions anglophones, puisque je visionnais la série en version originale sans sous-titres.

C’est donc tout logiquement que j’ai commencé à écrire mes fanfictions en anglais. Dans cette même logique, j’ai débuté la lecture de romances lesbiennes en anglais. L’écriture des miens a suivi, de ce fait en anglais.

Écrire mes romans en anglais n’a jamais été un choix volontaire, c’est simplement ainsi que mes histoires me venaient. Les dialogues et bien sûr les lieux (États-Unis pour tous sauf un). Je ne passais pas du français pour écrire en anglais. C’était directement en anglais dans mon esprit. C’est au contraire pour les écrire en français que j’ai dû traduire.

Bizarre, sans doute, mais ainsi suis-je faite.

J’ai traduit mon premier roman en français, devinez pour quelles raisons ? Car ma mère tenait tellement à le lire depuis si longtemps.

J’ai mis un an à traduire « Quand la Rivière Sort de son Lit ». Exercice difficile au départ (de plus, il est très long avec 170 000 mots). Avec le temps, les autres ont suivi plus aisément.

Maintenant, au contraire, les dialogues m’arrivent relativement facilement en français, pour tous mes livres récents (depuis 2021). Excepté un, « Hannah » (non publié) au thème lourd/intense que je n’arrivais absolument pas à écrire en français. Il m’a fallu écrire son premier jet en anglais (très brut, 80 000 mots) pour pouvoir composer le deuxième jet en français (110 000 mots).

Hormis cet exemple, la tendance s’est grandement inversée puisque plusieurs de mes romans récents n’ont pas d’équivalents anglais.

Les voyages maintenant. Les États-Unis surtout. Depuis mes 15 ans, j’y suis allée des dizaines de fois. Sans parler politique, j’ai un attachement particulier pour ce pays, pour New York essentiellement, première ville que j’ai découverte avec son mélange de culture qui vous fouette dès que vous y posez le pied.

Pendant très longtemps, j’étais plus familière avec la cote-est. Mais sur les années 2016-2018, j’ai pu découvrir un peu mieux la cote-ouest, et Los Angeles notamment, en suivant des artistes sur beaucoup de villes ; de San Diego à Seattle. Inversement à l’Est, de Baltimore à Boston.

Pour mon premier roman, je suis partie à l’Est en 2007 pour visiter certains lieux ; Philadelphie, New York et les montagnes Poconos qui s’étendent de Pennsylvanie au New Jersey.

Mon amour des États-Unis et les endroits que j’ai pu voir se reflètent dans quasiment tous mes romans. Pas seulement le lieu en tant que tel, d’autres choses tel le système scolaire, très différent du nôtre et pour lequel j’éprouve une certaine fascination. Que ce soit les études secondaires ou l’enseignement supérieur. Dans nombre de mes romans, au moins une de mes héroïnes poursuit des études universitaires (voire fin de cursus au lycée). Et chacune se trouve sur les campus qui me font le plus rêvé. Certains noms reviennent souvent (Stanford, Berkeley, Columbia, UCLA, etc.).

Cela m’a toujours attiré et fait partie intégrale de l’histoire lorsqu’elle m’arrive en tête.

Un seul de mes romans se situe en France. « C’était un Vendredi » qui se déroule dans les îles Marquises. En fin de compte, il est plus près des États-Unis que de la métropole.

Par conséquent, la langue anglaise et mes voyages aux États-Unis s’avèrent la base de mon écriture.

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer des fanfictions à l’écriture de vos propres histoires ?

L’histoire de mon premier roman F/F (« Quand la Rivière sort de son Lit » / « When the River Flows out of its Bed ») existait dans ma tête des années avant sa publication originale en anglais. Seulement, le monde des fanfictions est très addictif, aussi, s’en détacher est très difficile.

Entamer l’écriture d’un roman, essentiellement le premier s’apparente, je trouve à entreprendre une thérapie. Difficile de faire ce pas.

Dans mon cas, c’est sûrement un certain essoufflement, qui m’a permis de me lancer. Malgré tout, les fanfictions m’ont accompagné jusqu’au bout dans ce début en tant qu’auteure puisque le premier livre que j’ai achevé n’est en réalité pas « Quand la Rivière Sort de son Lit », mais « Legacy », publié pourtant un an plus tard.

J’ai tâtonné en 2005/2006 sur « Rivière » puis plus sérieusement en 2007 avant de stopper de nouveau. Je souhaitais l’écrire à la première personne, toutefois cela ne marchait pas. Je n’ai pas ce talent-là, en toute honnêteté. Et même si Eliza apparaît dans toutes les scènes sauf une, j’avais besoin du ressenti de Julia ici et là. En bref, ça ne fonctionnait pas. Cette première tentative m’a freiné.

Or, sans savoir que ce serait ma dernière, j’avais achevé en 2007 l’écriture d’une gigantesque fanfiction (commencé en 2005) et qui tournait autour d’un personnage de ma création. Et là, l’idée m’est venue d’extraire cette histoire de l’univers Buffy pour créer le mien, puisque cela tournait autour de trois héroïnes, dont mon personnage original.

J’étais tellement enthousiaste. Et oui ! Je rattachais cet élastique à ma taille, ce filet de sécurité qu’étaient les fanfictions. Et cela pallierait à cette première tentative infructueuse.

Une fois le roman achevé, avec hâte je l’ai relu, et quelle déception ! Sans m’en rendre compte, j’avais tout bonnement remplacé les noms des personnages de la série par les miens. (J’exagère, mais pas loin).

J’ai tout repris, crée un background pour tous mes personnages, construits un historique précis, etc., et j’ai réussi.

Je ne sais plus quand je l’ai terminé, 2009 sûrement et cela m’a débloqué pour « Rivière » qui a suivi. Seulement, le monde de l’édition, et encore plus de l’auto-édition différait beaucoup à l’époque, pas d’Amazon Publishing, Librinova, Books on Demand, etc. Ou peu. Et je n’y connaissais réellement rien.

On trouvait des packages ; formatage, couvertures basiques… Ce que j’ai utilisé pour la version originale de « Rivière ».

Les 500 000 mots de « Legacy » posaient problème. Trop cher à faire corriger par un lecteur correcteur ou publier. Ces packages étant chers (à l’époque), c’est pour cela que j’ai choisi de privilégier « Rivière », car je savais que je ne pourrais pas le faire publier non plus. Ses 170 000 mots posant, là aussi, un souci.

Je l’ai donc publié ainsi en novembre 2011.

« Legacy » est le premier livre que j’ai publié sur Amazon, en décembre 2012, soit un an plus tard.

J’ai republié la version anglaise de « Rivière » sur Amazon courant 2016, après l’avoir retravaillé en prévision de sa traduction française, publiée en décembre 2016.

Cela ne s’est donc pas fait aisément ni rapidement (publication en 2011/2012 pour des histoires qui se déroulent en 2006).

Je n’avais cependant jamais imaginé que cela marquerait la fin des fanfictions et moi. Ça me manque parfois, mais dès lors qu’on s’ouvre à ses propres histoires, elles ne nous lâchent plus… 

 

Lire aussi : La révolution de la romance lesbienne ces 10 dernières années

 

Comment décririez-vous votre processus d’écriture ?

Brouillon. Non, en fait c’est très variable.

La construction : je conçois mes histoires comme un film, dans ma tête le soir avant de céder au sommeil, ou parfois tout éveillée, au travail ou en me promenant. Une partie de mon esprit s’en va et tricote ces histoires. Il me faut parfois des semaines ou des mois avant que cela ne sorte sur le clavier.

D’autre fois, je peux être en train d’écrire une histoire quand une autre arrive si vite qu’elle me fiche la première dans le gravier. C’est comme une nécessité et je l’écris souvent d’une seule traite, sans devoir y penser des jours ou des semaines.

Cela s’est passé récemment avec une histoire qui a été stoppée non pas une, mais deux fois. L’an passé, une romance F/F commencée en février 2022, intitulée « Cette Nuit-Là » s’est fait griller la politesse en mars/avril par un roman, « Déjà-Vu ». Reprise en mai, c’est « Hannah » qui lui est passée devant en juin. « Hannah » m’a demandé énormément de temps. J’ai repris péniblement « Cette Nuit-Là » à l’automne, je me suis trainée jusqu’à fin décembre où j’ai réussi à vraiment me remettre dedans. Seulement, c’est là qu’un autre roman, que je viens juste de terminer, est arrivé, lui aussi à fond. Je l’ai retenu celui-là (difficilement), car je me suis dit que sinon je ne finirais jamais « Cette Nuit-Là ». L’ayant enfin achevé en février, soit 74 000 mots en un an, j’ai alors attaqué celui que je retenais, 87 000 mots bouclés en 18 jours.

Les romans se suivent et ne se ressemblent pas. Et je n’ai pas un seul schéma.

Quant aux histoires, parfois, une simple scène dans un film va m’inspirer une histoire (sans rapport avec le film). Mais un dialogue, une scène et je vais visualiser ma/mes scènes, mes personnages, leurs histoires.

Et d’autres fois, les idées me viennent comme ça, les personnages me parlent. Je ne suis qu’un conduit…

Pour ce qui est de l’écriture en elle-même, c’est là que c’est parfois brouillon. Déjà, c’est du brut de pomme, je recalibre tout sur le deuxième jet, mais sur le premier je ne m’embête pas avec les chichis, je balance tout, tel quel. C’est là qu’à certains moments je me laisse un peu entrainer.

Je vais prendre l’exemple du dernier (sans titre pour le moment).

J’avais toute l’histoire en tête (que je croyais !). Je craignais que le roman soit un peu court, car en théorie l’histoire se déroulait quasiment sur huit jours, pas bien plus en réalité. J’avais peur d’avoir du mal à créer un lien suffisant entre mes personnages et le conflit interne de Sidney, mon héroïne. Or, au fur et à mesure que j’écrivais, plein de rebondissements, d’histoires ont étoffé le roman sans être prévus. L’idée arrive d’un coup. Presque les deux tiers n’étaient pas planifiés à la base alors que, dans ma tête, je tenais mon roman du début à la fin.

C’est souvent ainsi, je commence, et les personnages m’entrainent où ils le souhaitent. C’est leur histoire après tout, pas vraiment la mienne, donc je suis la vague

Plus techniquement.

1er jet : J’écris tout d’un coup tel quel.

2e jet : Réécriture, ajout de description divers (personnages ou lieu), polissage, etc.

3e jet : Passage sous logiciel Antidote puis relecture.

4e étape : Je remets le tout à mon lecteur-correcteur, et ma lectrice test. (Deux désormais).

5e étape : J’avise en fonction. Je regarde tous les changements/corrections, j’accepte ou pas, et je relis inlassablement.

 Quel est votre roman préféré parmi ceux que vous avez écrits et pourquoi ?

Je m’attache énormément à mes héroïnes et certaines histoires qui touchent plus que d’autres, comme « Un Souffle à la Fois » par exemple, ou encore « Hannah ». Néanmoins, mes premiers écrits (« Rivière » et « Legacy ») tiennent une place particulière dans mon cœur. (Vu le temps que j’ai mis à les pondre en plus !)

Je suppose que c’est ainsi pour beaucoup d’auteurs.

« Quand la Rivière » demeure en tout cas le plus plébiscité par mes lectrices. Ses deux héroïnes, Eliza et Julia ont d’ailleurs fait quelques apparitions dans les romans suivants. Il n’est pas impossible de les retrouver dans un futur roman.

Je crois malgré tout que « Legacy », mon roman d’Urban Fantasy reste mon tout préféré. Il est tellement exceptionnel, par sa longueur, le nombre et l’intensité des actions qui s’y déroulent. Le fait qu’il provienne d’une de mes fanfictions joue très certainement aussi. Je l’ai écrit avec une telle ferveur, et une telle passion pour les personnages et l’univers d’origine de la fanfiction, que cela compte, oui.

C’était quelque chose de différent. Il est très ouvert point de vue du relationnel (H/F, F/F, M/M). Malgré le nombre de personnages, Dylan (femme), Angélina et Santana sont le cœur de cette histoire. Or, Santana reste mon personnage favori de tous mes personnages (même si Eliza reste une figure de proue de mes écrits).

Je le relis régulièrement et y prends toujours un plaisir énorme, je n’y peux rien. C’est malheureusement le seul de mes romans qui n’est pas traduit, pour raison évidente (500 000 mots + roman fantastique non F/F exclusif…) Je n’ai pas de lectorat pour ce type d’écrit et le traduire s’avérerait bien trop chronophage pour qu’en fin de compte, peu de personnes le lisent.

J’y pense souvent, un jour peut-être, mais j’ai trop de projets pour le moment.

Comment gérez-vous les critiques et les retours de vos lecteurs ?

 Ouh, très mal.

Je ne plaisante qu’à moitié. Ça blesse forcément. Mais que c’est enrichissant la plupart du temps ! Moi, je boude, je marmonne et justifie tous mes choix par rapport à cette/ces commentaires que je lis et relis, je n’en dors pas de la nuit. J’y pense d’ailleurs souvent des années plus tard.

Alors, ça dépend de la critique. J’en ai reçu une à l’été 2022 pour « Rivière » qui s’orientait sur l’édition, les fautes qui avaient beaucoup perturbé la lecture de cette personne. Pourtant, c’est un roman que j’avais dû revoir au moins 4 fois en 6 ans. Donc forcément…

Je passe beaucoup de temps à corriger et recorriger mes romans. Chaque fois que je décide que c’est la dernière, je finis par recommencer, ce que j’ai fait en fin de compte cet été-là, après cette critique. Je m’étais promis que ce serait réellement la dernière fois et pourtant, je suis actuellement en pleine réécriture (pas une simple révision, un vrai dépoussiérage), mais cette fois… c’est la dernière.

Puis il y a les critiques qui apportent énormément à l’histoire en elle-même. Un exemple très récent avec une lectrice à qui j’ai confié mon roman « Cette Nuit-Là » en février, afin d’avoir un avis supplémentaire en plus de mon lecteur-correcteur et ma lectrice test. Et le retour…

Là encore, j’exagère, néanmoins ce n’était pas le retour espéré. Moi qui n’écris que des chefs d’œuvres, comment ose-t-on ?

L’histoire lui avait plu, mais elle n’avait pas retrouvé, ou pas toujours les sentiments que j’exprime d’ordinaire dans mes autres romans. Pas suffisamment. Alors, au début, bien sûr, la déception, la déprime, le découragement, le ‘hors de question que je le reprenne encore’. Tout ça en quelques heures. Tout en lisant les annotations et les commentaires, ‘là, on ne ressent pas sa passion pour la photographie. Il manque quelque chose là sur ci ou ça. Que ressent-elle à ce moment-là ? Est-elle ennuyée, excitée, impatiente de ce week-end ? Etc.’

Forcément, je me couche frustrée, mais dès que je pose la tête sur l’oreiller, les scènes arrivent, les petits ou grands bouts qui manquent, et dès le lendemain j’ai repris l’histoire. Ses annotations étaient quasiment toujours très juste. Et en fin de compte, son ressenti a apporté un grand plus à cette histoire, la preuve, je lui ai confié ma dernière histoire. Là aussi, j’ai eu de la réécriture, mais très peu en matière de sentiments/d’émotions.

Je pense que l’écriture de « Cette Nuit-Là » avait beaucoup souffert d’être autant haché. Sans doute que j’avais perdu une partie de mon attache à mes personnages, et de leur attache entre elles.

En conséquence, aussi dur que ce soit, on doit se servir des critiques pour s’améliorer.

Quels sont les auteurs qui vous ont influencé ?

 Pour ce qui est des romans anglophones, puisque c’est essentiellement ce que je lis en romance lesbienne. J’ai commencé tôt, début des années 2000 avec Karin Kallmaker et Gerri Hill. Jae a suivi. Gerri Hill et Jae sont restées les deux auteures que j’apprécie le plus. Je lis beaucoup moins désormais, donc j’en rate sûrement énormément.

Dans un genre différent, en espérant que ce ne soit pas hors sujet, une de mes auteures préférées est Laurie Halse Anderson, j’ai rarement lu des Young Adult à la première personne aussi bien écrits (mais ce n’est pas du F/F). Je la mentionne tout simplement, car c’est ce qui m’inspirait le désir d’écrire « Rivière » à la première personne. Mais comme je l’ai dit, c’est un exercice très difficile et je ne possède pas cette qualité-là, d’où le revirement sur une écriture classique.

Parlons du français ! Le F/F en français, je l’ai découvert sur les fanfictions, avec bien sûr en figure de proue, Kyrian Malone. Nous avons en quelques sortes démarré ensemble. Son site à l’époque ; Slayer’s Elegy est vite devenu une référence pour les fuffy shippers (Buffy/Faith). Puis Stéditions et on connait tous l’ascension fulgurante et le travail accompli par la suite par Kyrian, qui en a inspiré plus d’une. Je suis admirative des auteurs comme Kyrian, CANLJ ou d’autres, qui allient quantité à qualité.

J’ai écrit 7 romans anglais en 10 ans.

Et 10 français en 8 ans (14 avec mes projets non publiés à l’heure actuelle). C’est maigre. Ne vous méprenez pas, j’en suis satisfaite, néanmoins, j’admire l’activité/créativité bouillonnante de ces auteurs-là.

 Avez-vous des projets d’écriture en cours ou prévus pour l’avenir ?

Oui. Comme cité plus haut, j’ai à l’heure actuelle 4 romans en stand-by. Achevé, mais non publié.

Deux de ces romans, « Hannah » et « Déjà Vu » sont H/F (sous intrigue F/F pour l’un d’entre eux). Je crois avoir ressenti un certain essoufflement en 2021. J’ai publié 3 livres cette année-là, dont 2 écrits en 2020. Je me sentais un peu à sec et commençais à m’interroger sur mon écriture, à beaucoup douter et sans doute fatiguer un peu de l’auto-édition.

L’an passé, je n’ai rien publié, et ces deux histoires H/F sont arrivées. Étant donné que j’écris toujours ce qui me vient… Je ne cherche ni à plaire ni à déplaire, je ne peux simplement pas me forcer à écrire quelque chose en fonction de quelque chose (si ça a du sens ?)

En F/F, j’ai terminé « Cette Nuit-Là » en début d’année et j’ai enchainé sur un autre que j’ai complété assez rapidement.

J’auto publierai très certainement « Hannah », auquel je tiens énormément, à l’automne. « Déjà-Vu » partira soit sur Whatpadd, soit sur Amazon, mais je ne sais quand.

J’ai décidé de tenter l’aventure Maison d’Édition pour mon roman « Cette Nuit-Là ». Son sort n’est donc plus entre mes mains pour l’instant. On verra bien. Sinon je l’auto publierais très certainement à la rentrée également. À voir.

Quant au 4e, j’aimerais le soumettre en ME également, mais je suis partagée, car certains aspects risquent de ne pas coller avec une ligne éditoriale 100 % lesbienne. Donc, cela sera à voir en temps voulu.

Comment conciliez-vous votre vie personnelle et votre carrière d’écrivaine ?

C’est relativement simple pour moi ; je vis seule avec mes six chats. Les amours de ma vie.

Mes chats et mes écrits sont tout ce qui compte. Je n’ai donc pas trop de souci. Je suis tout de même bien forcé d’aller travailler de temps à autre. (vous savez, le travail qui sert juste à payer les factures… et la nourriture des chats.)

Je profite toujours des pauses déjeuner pour travailler sur mes textes. 

Sinon, ni enfants ni partenaire (choix personnel), donc je fais un peu ce que je veux, comme je veux.

Comment la musique influence-t-elle votre écriture ?

La musique est capitale dans mon écriture, que ce soit dans mon processus d’écriture ou dans les textes en eux-mêmes.

Déjà, du moment que je suis chez moi, la musique tourne continuellement. Seul lors des phases de relecture/correction je la baisse (mais ne l’éteins pas).

On trace l’évolution de mes goûts musicaux dans mes romans, ou du moins ce que j’écoutais le plus au moment de l’écriture par des mentions plus ou moins appuyées.

Certains romans sont plus marqués que d’autres de ce point de vue là. Je pense notamment à Julia dont les goûts musicaux reflétaient énormément la sensibilité et la fragilité qui la caractérisaient, suite à son douloureux passé.

Une chose que j’adore également, c’est les clins d’œil plus ou moins subtils à des artistes (/personnages de séries et films) par le nom de mes personnages.

La plus évidente étant Alécia Moore dans « Un souffle à la Fois », sachant que c’est le vrai nom de P!nk. La partenaire d’Alecia, Spencer Davis, est un mélange de Spencer Carlin et Ashley Davis, les deux héroïnes/amantes de la série « South of Nowhere ». Je m’amuse beaucoup ainsi.

Seul « C’était un Vendredi » ne comporte pas ce type de référence, mais il fut particulier à écrire, sur un évènement bien réel (malheureusement) et je n’étais pas dans cette atmosphère-là, je pense. Tout de même, l’une des héroïnes poursuivait plus jeune des études dans un conservatoire de musique…

Sur le roman « Toi et Moi…+ Elle », la musique joue un rôle primordial. Pas seulement du fait que Riley soit musicienne professionnelle, mais parce l’histoire entière est le fruit de plusieurs années (folles) de 2016 à 2018 où je suivais deux artistes un peu partout, Europe, États-Unis. Par elles, j’ai découvert et côtoyé tous ces jeunes gens entre vingt-cinq et trente-cinq ans dans ce milieu un peu plus underground. Un large mélange, lesbienne, gay, bisexuel, non binaire, non genré, transsexuel, etc. 

J’ai basé mon personnage de Riley sur une artiste très androgyne, et mon personnage de Sasha sur l’une des deux artistes que je suivais (Sasha est fleuriste, mais accro aux concerts dans ces petites salles underground, donc là je m’y retrouve).

Le commencement de la relation de ces deux artistes m’a inspiré le corps de cette histoire.

Exemple flagrant où sans musique, pas d’histoire.

Mes histoires se situent toutes dans des lieus existants, exceptés « Quand la Rivière Sort de son Lit » où les héroïnes vivent dans la ville de Lorien, dans le New Jersey. Hormis la ville, les autres lieus existent. Lorien, en revanche, s’avère être le deuxième prénom de la fille de Tori Amos, très présente sur ce livre.

Quel conseil donneriez-vous à de jeunes auteurs qui souhaitent écrire de la littérature lesbienne ?

Difficile question.

Je leur dirais de se lâcher. D’écrire et de voir ce que ça donne.

De beaucoup lire, et réfléchir aux mécanismes d’écriture simples ; pourquoi ressentez-vous ça à ce moment, comment l’auteur vous a-t-elle procuré/transmis ce frisson/sourire/émotions là ? Peut-être des petits détails, mais qui peuvent aider à s’améliorer, étoffer son vocabulaire, etc.

Après, il faut savoir ce qu’elles attendent, si elles souhaitent en faire carrière ou tirer un revenu fixe, elles vont devoir planifier. Avoir un vrai axe d’écriture, s’en tenir à des deadlines (nombre de mots par jours, de romans par année, etc.), préparer au mieux la partie marketing/self-promotion si elles autopublient.

Je ne peux pas en dire bien plus là-dessus puisque je ne suis pas dans cette catégorie-là. J’ai commencé l’écriture pour raconter l’histoire d’Eliza et Julia que j’avais en tête depuis si longtemps, puis les autres ont suivi. Tant qu’elles me viennent, je continue. Mais je n’ai jamais planifié de manière ‘il faut que j’écrive cela car ça plait’ ou ‘Ah bah tiens, mon roman XY à fortement marcher, j’écris le suivant dans la même veine’.

Non, j’écris ce qui me vient et les sujets sont parfois durs ou un peu spéciaux et je sais d’avance que cela ne satisfera pas tout le monde. Il n’y a pas toujours de happy ending, (un surtout), mais je ne peux me forcer à écrire quelque chose qui ne me vient pas naturellement.

Conseil très important. Polir, polir, polir votre roman quand vous l’avez achevé. Ce n’est pas toujours la partie la plus agréable, pourtant c’est essentiel. Que vous comptiez l’autopublier ou le soumettre à une ME, cela doit être votre travail le plus abouti. N’hésitez pas à vous aider de logiciels type Antidote, mais le plus important reste de vous faire relire/corriger par le plus de correcteurs/beta readers humains.

Je reprends constamment mes romans à cause de cela. À chaque nouvelle critique sur les fautes de ci où ça, et surtout chaque moment où je sens avoir passé une étape dans mon style, avoir appris d’autres choses que je peux mettre aux services de mes anciens livres, eh bien j’y retourne. Comme en ce moment.

Quoi qu’il en soit, pour vos lecteurs, vous vous devez de toujours leur apporter votre meilleur travail. L’écriture d’un livre ne se résume donc pas qu’à l’écriture en elle-même. C’est tout un processus avant de tenir fièrement son roman dans les mains.

Lancez-vous, quelles que soient vos raisons. Mais restez fidèle à vous-même.