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| Audrey | Arts et Culture

Le prix Gouincourt, la nouvelle distinction littéraire qui célèbre la littérature lesbienne

(Temps de lecture: 2 - 4 minutes)

Le prix Gouincourt, la nouvelle distinction littéraire qui célèbre la littérature lesbienne

Enfin un prix littéraire qui ose le jeu de mots et l’engagement sans s’excuser. Le prix Gouincourt, lancé par le média Lesbien Raisonnable, débarque dans le paysage des distinctions littéraires françaises à la rentrée 2025, bien décidé à remettre les lesbiennes au cœur du roman — à défaut d’être au centre des dîners mondains du Drouant.

Inspiré du vénérable prix Goncourt, ce prix « bienveillant et humoristique » n’a pourtant rien d’une farce. Il répond à un manque criant : la non-existence jusqu’ici d’un prix consacré exclusivement à la littérature lesbienne. Et ça, en 2025, ça commençait à devenir franchement gênant.

Sommaire

📚 Un prix, un mot-valise, une revendication

Gouincourt : contraction délicieusement impertinente de « gouine » et « Goncourt ». Le ton est donné. L’idée est née de Lauriane Nicol, fondatrice du média Lesbien Raisonnable, et d’Alex Lachkar, chercheur en littérature lesbienne contemporaine à l’Université de Vienne. Ensemble, ils ont imaginé un prix à la fois sérieux dans sa mission et réjouissant dans son esprit, porté par une volonté claire : récompenser des romans de langue française centrés sur des thématiques lesbiennes, publiés pendant la rentrée littéraire 2025 (entre mi-août et mi-octobre).

Le prix est organisé en partenariat avec le Fonds Lesbiennes d’intérêt général (LIG), qui rappelle que, si le « prix du roman gay » existe déjà, les femmes de la communauté LBTQI restaient jusqu’ici sans équivalent littéraire. Le Gouincourt arrive donc comme une réponse, mais aussi comme une célébration de la richesse, de la diversité et de la qualité des œuvres lesbiennes publiées aujourd’hui.


👩‍⚖️ Un jury aussi queer qu’incisif

Pas de vieux messieurs en costume cravate ni de débats feutrés à huit clos : le jury du prix Gouincourt est composé de dix personnalités issues du monde littéraire, artistique et militant, toutes concernées ou alliées. On y retrouve notamment :

  • Virginie Despentes, écrivaine, punk éternelle

  • Anna Mouglalis, actrice à la voix de cave à vin

  • Meryem Alqamar, poétesse

  • Lou Edin alias @booksondykes (bookstagrammeuse)

  • Joëlle Sambi, autrice et performeuse

  • Elisabeth Lebovici, historienne et critique d’art

  • Mélie Chen, éditrice

  • Olivia Sanchez, libraire

  • Lauren Delphe et Al Baylac, auteur·ices engagé·es

Leur mission : établir une première sélection en septembre 2025, puis, après trois tours de débats (probablement arrosés mais passionnés), désigner un·e lauréat·e début novembre. Pas de Drouant au programme, mais une cérémonie « en grande pompe, mais ailleurs », comme le précise Lesbien Raisonnable. Plus libre, plus fun, plus nous.


🎀 Un bandeau, une vraie reconnaissance

Le/la lauréat·e du prix Gouincourt recevra non seulement une reconnaissance symbolique forte, mais aussi un bandeau éditorial sur l’ouvrage primé, comme pour n’importe quel autre prix littéraire majeur. L’objectif : que la littérature lesbienne s’impose pleinement dans les rayons, et pas uniquement dans les étagères spécialisées ou les salons militants.


🎤 Une parodie qui en dit long

Le clin d’œil au Goncourt n’est pas qu’un jeu de mots. C’est une façon de détourner les codes de l’institution littéraire française, de les subvertir pour mieux créer de nouveaux espaces de légitimation. Comme l’explique Lauriane Nicol, les lesbiennes ont une longue tradition de réappropriation de l’insulte et du langage, et le choix du mot « Gouincourt » s’inscrit dans cette lignée : joyeuse, lucide, et profondément politique.

Le nom du prix a d’ailleurs été déposé à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Rien n’est laissé au hasard.


📢 Rendez-vous à la rentrée

La première sélection des romans sera rendue publique en septembre 2025. Le verdict final tombera début novembre. Entre-temps, on imagine déjà les supputations, les coups de cœur, les polémiques peut-être… bref, tout ce qui fait un vrai prix littéraire, mais avec une touche lesbienne, critique et festive en plus.