De l'inspiration à l'écriture : Rencontre avec Kadyan, une autrice passionnée de littérature lesbienne
La littérature lesbienne a le pouvoir de captiver les lecteurs avec des histoires riches en émotions et en représentation. Pour Kadyan, autrice talentueuse et passionnée, la découverte de ce genre littéraire a été une révélation. Son premier contact avec les romans lesbiens remonte aux années 90, lorsque Les amies d'Héloïse d'Hélène de Montferrand lui ouvrent les portes d'un univers littéraire unique et fascinant. Depuis lors, Kadyan s'est plongée dans la littérature lesbienne américaine, trouvant l'inspiration nécessaire pour écrire ses propres romans. Dans cette interview, elle partage son parcours, de sa découverte de la littérature lesbienne à l'écriture. Elle nous livre ses sources d'inspiration, son processus d'écriture et nous parle de ses romans préférés.
Comment avez-vous découvert la littérature lesbienne et qu’est-ce qui vous a poussé à en écrire ?
Si je me souviens bien, mon premier livre lesbien devait être Les amies d’Héloïse écrit par Hélène de Montferrand en 93 ou 94 ainsi que les suites. C’était passionnant à l’époque de découvrir que cette littérature existait.
Ensuite, j’ai lu quelques livres en français avec lesquels je n’ai pas accroché. C’était trop prise de tête, les fins étaient trop tristes, les héroïnes trop tourmentées.
Par contre, la littérature lesbienne américaine (Radclyffe, Gerri Hill,…) que j’ai découverte en 98 m’a convaincue immédiatement. Et là, je me suis dit, pourquoi pas moi ? J’avais déjà des romans entiers dans la tête dans le même style. Il a juste fallu que je les écrive.
Comment choisissez-vous les genres de vos romans ?
J’aime varier les plaisirs et ce n’est pas moi qui choisis le genre, mais l’histoire et ses personnages. Par exemple, la combinaison de ma découverte de l’Australie avec une série TV que j’ai regardée lorsque j’étais adolescente (Les oiseaux se cachent pour mourir) m’a incité à écrire la saga familiale Willowra ainsi que le roman Sur la Piste des Spinifex.
Ma fascination pour l’Asie et la Seconde Guerre mondiale m’a donné l’idée d’écrire sur les camps japonais de prisonnières (Rhapsodie pour un amour). J’avais envie que personne n’oublie ces femmes courageuses.
Je peux aussi aller dans de l’anticipation ou post-apocalyptique (Il suffit d’une femme) pour raconter l’histoire incroyable de cette jeune femme qui va révolutionner l’ordre établi des diverses civilisations qu’elle va croiser.
Quelle est votre source d’inspiration principale pour créer vos histoires ?
C’est selon les idées qui me viennent en marchant, en parlant avec ma femme.
Quelquefois, je me réveille le matin avec tout le début d’un roman dans la tête (La bête dans la maison, Qui est Florence Vermeer?). D’autres fois, il suffit d’une action de la vie quotidienne : c’est en utilisant des couteaux de cuisine que j’ai eu l’idée de créer une histoire de pirates (A l’abordage). Dans d’autres cas, ce sont des films ou des livres qui m’ont marquée lorsque j’étais plus jeune (Insoumises, Il suffit d’une femme). Certains de mes livres sont le résultat de défis que je me suis lancés : ainsi écrire un policier dans le style d’Agatha Christie (Une vallée si tranquille).
J’aime aussi beaucoup les histoires de crash d’avion et, depuis longtemps, j’avais envie d’en écrire une (Rencontre accidentelle)
Comment décririez-vous votre processus d’écriture ?
En vrac. En général, j’écris les parties qui me plaisent en premier. Ça peut être le début, la fin ou au milieu. Ensuite je bouche les trous. Et c’est parfois compliqué, car, concentrée sur mon histoire, j’oublie de temps en temps ce que j’ai écrit. La relecture est donc très importante.
Ce n’est que lorsque j’ai écrit Atamara avec Mélissa Roche que j’ai dû tout écrire en linéaire et ce fut un véritable défi pour moi qui m’a contrainte à une grosse discipline.
Quel est votre roman préféré parmi ceux que vous avez écrits et pourquoi ?
J’ai un faible pour La bête dans la maison. J’ai adoré me glisser dans la peau d’un loup, puis d’un tigre. Mon héroïne garou accepte ses bêtes, vit avec elles, mais elle est aussi terriblement humaine. Mes lectrices m’ont dit que c’était mon roman le plus humaniste. Elles ont raison. Même si je ne m’en étais pas aperçue en l’écrivant, ce livre est une ode à la tolérance.
Comment gérez-vous les critiques et les retours de vos lecteurs ?
J’adore les critiques positives, bien sûr. Les négatives ? Je les lis pour savoir si elles sont constructives, mais, en général, je ne m’en occupe pas. Après tout, je ne peux pas plaire à tout le monde.
Je réponds aussi à toutes les lectrices ou lecteurs qui me contactent. J’avoue que quelques lectrices m’ont laissée étonnée de ce qu’elles ont compris dans mes romans. Lorsque j’écris, je ne cherche pas à faire passer de message, pourtant, dans plusieurs livres, elles y voient des significations auxquelles je n’avais pas pensé consciemment.
Certaines viennent même discuter lors des salons et c’est très enrichissant. Il n’y a rien de plus valorisant pour une autrice que de savoir que des lectrices vous apprécient.
Quels sont les auteurs qui vous ont influencé ?
Sarah Waters et pas mal d’autrices américaines. Sinon, j’ai lu beaucoup de science-fiction et je pense que c’est pour cela que le premier livre que j’ai écrit (En l’honneur du Drall) était de la SF.
Avez-vous des projets d’écriture en cours ou prévus pour l’avenir ?
Trop. J’ai deux livres (Opération Mantis et Escorte d’un soir) dont la sortie est prévue chez HR avant la fin de l’année, dont un co-écrit avec ma femme. J’en ai un en cours que j’espère terminer en juin et déjà trois autres en tête dont encore un avec ma femme (romance assez érotique avec des vampires).
Comment conciliez-vous votre vie personnelle et votre carrière d’écrivaine ?
Les deux sont entremêlées. Je me réserve des plages d’écriture, mais les idées viennent à n’importe quel moment. J’ai la chance que ma femme soit à la fois ma bêta, mais aussi mon alpha avec laquelle je teste les idées, les thèmes. Comme elle est plus littéraire que moi, c’est pratique pour les corrections. Elle vous dirait que je me suis beaucoup améliorée en vingt ans de carrière et elle aurait raison.
Quel conseil donneriez-vous à de jeunes auteurs qui souhaitent écrire de la littérature lesbienne ?
De s’y mettre. Écrire un livre demande de la discipline. Il n’est pas facile de se forcer à s’assoir devant son ordinateur pendant des heures et à raconter une histoire.
Quand j’avais quatorze ans, j’ai débuté un livre, mais je me suis arrêté après une dizaine de pages couchées sur un cahier d’écolière. J’avais des idées, mais n’étais pas prête à y consacrer du temps. Et puis, à l’époque, pour moi, rien n’était plus rasoir que de lire un livre ou d’étudier le français. Parfois, il faut savoir attendre et mûrir.
Il faut aussi toujours se demander pourquoi l’on écrit. Pour soi ? Pour les autres ? Pour faire passer un message ?
Personnellement, j’écris pour me distraire et distraire mes lectrices, les faire voyager dans le temps et dans l’espace. Mon but est qu’elles passent un bon moment et que mes personnages, des héroïnes fortes, leur donnent la pêche.
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Kyrian Malone
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