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| Alexia Damyl | Arts et Culture

Les meilleurs musiques et chansons lesbiennes et LGBT

(Temps de lecture: 4 - 8 minutes)

Les meilleurs musiques et chansons lesbiennes et LGBT

Bienvenue dans notre exploration musicale dédiée aux meilleures musiques et chansons qui célèbrent l'amour lesbien et la diversité LGBT.

I kissed a girl and I liked it, entendez j’ai embrassé une fille et aimé ça. Comme Katy PERRY, vous souvenez-vous de cette première fois où vos lèvres se sont posées sur celles d’une femme ? Le tube pop de 2008 vous y a-t-il poussé, ou était-ce un autre (ou aucun rapport avec une quelconque œuvre musicale) ? Et si l’on faisait un petit tour d’horizon des lesbiennes en chansons. L’aperçu se voudrait exhaustif parce que l’autrice que je suis a des rêves de grandeur, mais ma culture n’étant pas infinie, je m’excuse par avance pour les titres oubliés.

On entend bien souvent qu’il reste du chemin à parcourir en terme de visibilité lesbienne. Mais l’amour lesbien est-il réellement tabou ? La chanson est-elle une image de la société au moment de son passage sur les ondes ou plutôt un moyen de lutte, voire les deux à la fois ?

Quand l’Eurostar met en image une romance lesbienne dans sa dernière publicité, on parle, en 2023, d’audace dans les médias. Le mot me choque car il s’agirait plutôt de s’émerveiller devant l’histoire aussi colorée qu’émouvante que nous raconte le spot d’une minute et que la sexualité des personnages soit un non-sujet.

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Aussi, ai-je décidé d’une plongée ante-chronologique dans l’univers des chansons évoquant les amours saphiques pour tenter de comprendre si l’opinion publique devient réellement plus tolérante à ce qui ne fait pas majorité, ou si la prétendue évolution des mentalités n’est qu’un effet de manches.

Des textes évoquaient des amours queers dès l’aube du vingtième siècle, mais la première chanson mettant en scène deux femmes dont j’aie connaissance date de 1936, avec Edith Piaf et « La garçonne ».

Ensuite, si depuis les années 50 les chansons abordant l’homosexualité masculine couraient presque les rues, il a fallu attendre le premier septennat de François Mitterand durant lequel l’homosexualité est décriminalisée pour que l’on chante plus fort les amours entre femmes.

L’idée étant de partager des airs que vous garderez en tête toute la journée à venir, je ne peux prétendre que le MM avait déjà ses chansons alors que le FF peinait à exister en musique sans partager avec vous quelques titres ou refrains.

Jean-Claude Pascal a tout de même défendu les couleurs du Luxembourg à l’Eurovision 1961 avec son « Nous les amoureux » et a remporté le concours avec sa ballade décrivant un amour que la société n’acceptait pas. Titre tombé dans l’oubli depuis, mais qui mérite un petit dépoussiérage.

Deux ans plus tard, Guy Béart chantera « Le Monsieur et le Jeune Homme ». Juliette Gréco reprendra le titre plus tard, et bien que la finalité du texte soit de célébrer l’amour paternel, l’ambiguité n’est levée que dans la dernière strophe et le chant peut-être entendu comme une ode à la tolérance.

Autres temps, autres mœurs, en 1968 Fernandel provoquait l’hilarité avec « Il en est ». Et si au lieu de croire que les paroles et le jeu juste monumental de ce monument de la chanson prètent à rire des homosexuels, on comprenait qu’il s’agissait plutôt de moquer les médisants ? Si « Il en est » est quasiment inconnue aujourd’hui, n’est-ce pas parce que le ton très libre dérange finalement plus qu’hier ?

Dans les années 70, ce sont les grands noms de la chanson française qui ont donné de la voix pour œuvrer en faveur de la liberté de s’aimer : Michel Sardou, Dave, Michel Delpech. Puis dans les années 80, ce sera au tour d’Indochine, Catherine Lara, Didier Barbelivien, Hervé Villard, Serge Gainsbourg, Barbara, Jeanne Mas, Jane Birkin et d’autres de permettre aux hommes, oh comme ils disent (libre réinterprétation de ma part du titre de Charles Aznavour, 1972) ou aux garçons pas comme les autres (Ziggy, 1978) de gagner un peu en visibilité.

Oui, mais les filles alors ?

On ne peut pas dire qu’en 1972, Dalida nous ait franchement libérées avec son « Pour ne pas vivre seul », qui bien qu’il aborde la question se montre d’un pessimisme qui fait peur au sujet de l’amour, et de l’humain en général.

Il a fallu attendre la naissance d’une icône gay (je parle de son éclosion sur scène, pas de sa venue au monde) pour enfin exister aux yeux du monde. Et oui, je me souviens de discussions irréalistes avec des grands-parents qui avaient tellement vu deux hommes s’aimer, mais jamais deux femmes, qu’ils avaient pensé que cela n’existait pas. Really ! En 1984, Mylène Farmer fait un carton avec « Maman a tort », alleluia, it’s raining men ! Ah, non, je m’égare, ça, ce sont les Weather Girls. Parallèlement, et surtout outre-Atlantique, d’autres femmes deviennent des icônes gays, Diana Ross, mais aussi Madonna qui soutient ouvertement la lutte contre le SIDA dès le début des années 80.

En 1992, je me rappelle avoir entendu « Entre elle et moi », de Catherine Lara et Véronique Sanson, mais je me souviens aussi des attaques à leur encontre. Et puis, les homophobes d’ajouter « de toute façon, ce texte n’a aucun poids, puisqu’il est écrit par une lesbienne ». Parce que chanté par une personne non directement concernée l’œuvre aurait plus d’impact ? Le concept m’interroge.

Du haut de mes sept ans, je suis passée à côté de « Monsieur Vénus » de Juliette, mais en grandissant j’ai appris à apprécier l’artiste, alors je la glisse ici, ni vu ni connu… En revanche, trois ans plus tard (en 1996 donc), j’ai usé la cassette de Lara Fabian pour reprendre le refrain de « La différence », un présage ? Qui sait ? J’ai tout autant fredonné « Une femme avec une femme » de Mecano, la même année que « I will survive » pour célébrer la victoire des bleus en coupe du monde.

Pour ma part, mon premier baiser avec une femme aura été inspiré par les t.A.T.u., un groupe russe (comme quoi les temps changent) qui ne formait en réalité pas un couple lesbien dans la vie, mais peu m’importait, j’y croyais ! Avez-vous comme moi attendu la partie instrumentale de « All the things she said », comme dans le clip où les deux jeunes lycéennes s’embrassent sous la pluie, pour entamer un combat de langues avec votre moitié ?

Je ne peux pas ne pas évoquer Zazie, et son titre « Mademoiselle », moins diffusé qu’ « Adam et Yves », et pourtant… Avez-vous déjà assisté à l’un de ses concerts ? Une foule encore plus LGBT+ friendly qu’aux spectacles de Mylène ! En 2013, l’année de sortie de « Mademoiselle », Avicii a également signé le magnifique « Addicted to you », certes pas très joyeux, mais les chansons d’amour les plus poignantes ne sont-elles pas celles qui déchirent ? Zazie a aussi chanté ce thème, on n’écrit pas sur ce qu’on aime, sur ce qui ne pose pas de problème.

En 2018, je noterai deux titres qui, à mon sens, sortent du lot, « Ta reine » d’Angèle qui évoque la difficulté de faire son coming-out et « La marcheuse » de Christine and the queens, dont le sujet central est les violences homophobes.

Pomme, l’année suivante, ne fait pas dans la dentelle avec son « On brûlera », qui a le mérite d’être clair sur l’orientation sexuelle de ses protagonistes, mais, pour ma part, je le trouve trop sombre avec ce côté macabre emprunté à « Requiem pour un fou » de feu notre taulier national.

Je terminerai cet aperçu qui montre tout de même une augmentation des titres parlant de femmes qui aiment les femmes ces dernières années (là on fait la holà dans son salon) avec Hoshi et son magnifique « Amour censure » pour n’en citer qu’un. Son clip reprend des propos très durs entendus lors de « la manif pour tous ». Pour ma part, c’était la première fois, en 2012, que je prenais la mesure de la montée homophobe en France et que je m’y confrontais directement. Comment des gens que cela ne touchait pas pouvaient-ils descendre dans la rue pour en empêcher d’autres d’obtenir les mêmes droits qu’eux, en l’occurrence mariage et adoption ?

Alors, pour terminer sur une note plus joyeuse, êtes-vous comme moi l’archétype de la lesbienne invisible qui ne jure que par Sheila, Kylie Minogue et Lady Gaga (oui, il y a un fossé entre elles, mais je les adore toutes les trois) ? Ou au contraire, pensez-vous qu’il y a des effets pervers à ce communautarisme autour des stars de la chanson ?