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Thérapies de conversion : L'industrie lucrative de la suppression de l'identité lesbienne

(Temps de lecture: 6 - 11 minutes)

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Dans un monde où l'amour et l'acceptation devraient être universels, il existe des pratiques qui cherchent à étouffer et à changer l'essence même de qui nous sommes et de nos identités lesbiennes. Parmi ces pratiques, les thérapies de conversion se distinguent comme l'une des plus controversées et des plus dangereuses. Ces thérapies, souvent masquées sous des appellations douces et trompeuses, prétendent "guérir" ou "convertir" les individus de leur orientation sexuelle, en particulier ceux qui s'identifient comme lesbiennes, gays ou bisexuels.

Pour la communauté lesbienne, cet article revêt une importance particulière. Non seulement parce qu'il met en lumière une industrie qui cherche à nier et à effacer notre identité, mais aussi parce qu'il vise à éduquer, à sensibiliser et à renforcer notre résilience face à de telles attaques. En comprenant les origines, les motivations et les conséquences de ces thérapies, nous pouvons mieux nous armer pour les combattre et soutenir celles qui en ont été victimes. Ce n'est pas seulement une question d'identité, mais une question de droits humains, d'amour et d'acceptation de soi.

Sommaire

Historique des thérapies de conversion

Les thérapies de conversion, malgré leur présence persistante dans certaines parties du monde, ne sont pas un phénomène nouveau. Leur histoire est profondément enracinée dans des siècles de stigmatisation et de malentendus concernant l'homosexualité.

Origines et motivations derrière ces thérapies

Les premières tentatives de "traiter" l'homosexualité remontent à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, lorsque l'homosexualité était largement considérée comme une maladie mentale ou un désordre moral. Les motivations derrière ces thérapies étaient variées, allant de convictions religieuses strictes à des croyances pseudoscientifiques. Dans de nombreux cas, la société, la famille et la religion exerçaient une pression énorme sur les individus pour qu'ils se conforment à la norme hétérosexuelle dominante. Ces pressions, combinées à une compréhension limitée de la sexualité humaine, ont conduit à la naissance de ces thérapies.

L'évolution des méthodes et des croyances associées

Au fil des ans, les méthodes utilisées pour "convertir" les individus ont évolué, reflétant souvent les croyances médicales et psychologiques dominantes de l'époque. Dans les premières années, des méthodes brutales comme la castration, l'électrochoc et l'administration de médicaments étaient couramment utilisées. Avec le temps, alors que ces méthodes extrêmes sont devenues moins courantes, d'autres formes de thérapies, comme la psychothérapie et les interventions spirituelles, ont pris le relais.

Cependant, malgré les changements dans les méthodes, le cœur de ces thérapies est resté le même : une croyance erronée selon laquelle l'homosexualité est une anomalie qui peut et doit être "corrigée". Heureusement, à mesure que la science et la société ont progressé, ces croyances ont été largement discréditées. De nombreuses organisations médicales et psychologiques de premier plan ont non seulement déclaré que l'homosexualité n'est pas une maladie, mais ont également condamné les thérapies de conversion pour leur inefficacité et leur potentiel de préjudice.

En dépit de ces avancées, les thérapies de conversion persistent dans certaines régions, soutenues par des groupes religieux conservateurs et des individus qui refusent d'accepter la diversité de l'orientation sexuelle humaine.

L'industrie derrière la suppression des thérapies de conversion

Lorsqu'on parle de thérapies de conversion, il est essentiel de comprendre qu'au-delà des préjudices individuels, il existe une industrie florissante qui tire profit de la douleur et de la vulnérabilité des personnes. Cette industrie, souvent masquée derrière des façades de bienveillance et de guérison, est alimentée par des motivations financières, idéologiques et politiques.

Comment et pourquoi ces thérapies sont devenues une entreprise lucrative ?

La demande de thérapies de conversion découle en grande partie de sociétés et de cultures qui stigmatisent et marginalisent l'homosexualité. Dans de nombreux endroits, la pression pour se conformer à des normes hétérosexuelles est si forte que les individus et leurs familles sont prêts à payer des sommes considérables pour des "traitements" promettant une "guérison". Cette demande a créé une opportunité pour des praticiens sans scrupules de capitaliser sur la détresse des gens.

De plus, la commercialisation habile de ces thérapies, associée à des témoignages soigneusement sélectionnés et à des affirmations pseudoscientifiques, a renforcé leur légitimité apparente aux yeux de nombreux désespérés. Des séminaires coûteux, des retraites, des livres, des programmes en ligne et d'autres produits dérivés ont été développés, transformant la suppression de l'identité lesbienne en une entreprise rentable.

Les principaux acteurs et organisations qui soutiennent et financent ces thérapies

Bien que de nombreuses organisations de thérapie de conversion opèrent de manière indépendante, certaines d'entre elles sont soutenues ou financées par de plus grands groupes religieux ou conservateurs. Ces organisations, souvent basées sur des croyances religieuses strictes, voient l'homosexualité comme un péché ou une déviance et investissent donc dans ces thérapies comme un moyen de "sauver" les individus.

Outre les groupes religieux, il existe également des organisations politiquement motivées qui soutiennent ces thérapies, souvent dans le cadre d'un programme plus large visant à limiter les droits des LGBTQ+. Ces groupes peuvent fournir un financement, une formation ou une publicité pour les thérapies de conversion, renforçant ainsi leur portée et leur influence.

En fin de compte, derrière le voile de la guérison et de la bienveillance, l'industrie des thérapies de conversion est alimentée par des motivations qui vont bien au-delà de l'intérêt individuel. Reconnaître et dénoncer ces motivations est une étape essentielle pour mettre fin à ces pratiques nocives.

Les méthodes de "traitement"

Les thérapies de conversion, malgré leur nom, sont loin d'être uniformes dans leurs approches. Elles varient considérablement en fonction des praticiens, des régions et des croyances sous-jacentes. Cependant, toutes partagent un objectif commun : tenter de changer l'orientation sexuelle d'un individu. Pour y parvenir, diverses méthodes, allant du doux au traumatisant, ont été employées au fil des ans.

Un aperçu des différentes techniques utilisées

  • Psychothérapie : Certains praticiens prétendent que l'homosexualité est le résultat de traumatismes non résolus ou de relations parentales perturbées. Ils utilisent donc des techniques de psychothérapie pour tenter de "guérir" l'individu.
  • Thérapies aversives : Ces méthodes associent des stimuli désagréables, tels que des chocs électriques ou des nausées induites, à des stimuli homosexuels pour créer une aversion.
  • Thérapies comportementales : Elles visent à renforcer les comportements hétérosexuels tout en éliminant les comportements homosexuels par le biais de la modification comportementale.
  • Interventions spirituelles : Dans les régions où la religion joue un rôle central, des prières, des exorcismes et d'autres rituels religieux sont souvent utilisés dans le but de "chasser" l'homosexualité.
  • Thérapies de groupe : Ces sessions sont conçues pour permettre aux participants de partager leurs expériences et de s'encourager mutuellement à poursuivre la "guérison".
  • Médication : Bien que moins courante aujourd'hui, l'utilisation de médicaments pour tenter de modifier l'orientation sexuelle a été pratiquée, notamment par l'administration d'hormones.

Les dangers et les conséquences psychologiques et physiques associés

Les thérapies de conversion ne sont pas seulement inefficaces ; elles sont également profondément nocives. Les conséquences psychologiques peuvent inclure la dépression, l'anxiété, une faible estime de soi, des sentiments de honte et de culpabilité, et même des idées suicidaires. Les individus peuvent se sentir aliénés de leur famille, de leur communauté ou de leur foi, exacerbant encore leur détresse.

Physiquement, les méthodes aversives, en particulier, peuvent entraîner des douleurs, des cicatrices et d'autres complications. Les médicaments administrés peuvent avoir des effets secondaires dangereux. En outre, ces thérapies renforcent l'idée que l'homosexualité est une maladie ou un défaut, ce qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur l'acceptation de soi et l'identité d'un individu. Il est essentiel de reconnaître que ces "traitements" ne sont pas basés sur des preuves scientifiques solides et sont largement discrédités par la communauté médicale et psychologique mondiale.

Les conséquences économiques

L'industrie des thérapies de conversion ne se contente pas d'exploiter émotionnellement et psychologiquement les individus ; elle a également des implications économiques majeures. Derrière le voile de la "guérison" et de la "conversion", il y a une machine lucrative qui profite de la détresse et de la vulnérabilité des personnes, tout en imposant des coûts financiers considérables.

Comment l'industrie profite de la vulnérabilité des individus

La stigmatisation et la pression sociale associées à l'homosexualité dans de nombreuses cultures créent un marché de personnes désespérées à la recherche de solutions pour se conformer aux normes sociétales. Cette détresse est une aubaine pour l'industrie des thérapies de conversion. En promettant une "guérison" ou une "normalisation", ces organisations peuvent fixer des prix élevés pour leurs services, sachant que de nombreuses personnes sont prêtes à payer quel que soit le coût pour trouver l'acceptation.

De plus, l'industrie utilise souvent des tactiques de marketing agressives, exploitant les peurs et les incertitudes des individus et de leurs familles. Des séminaires, des ateliers, des livres et d'autres matériaux sont vendus à des prix élevés, promettant des "témoignages de réussite" et des "méthodes éprouvées" qui, en réalité, n'offrent aucune garantie de résultats.

Le coût financier pour les individus et leurs familles

Les coûts associés aux thérapies de conversion peuvent être écrasants. Les séances individuelles, souvent recommandées sur de longues périodes, peuvent s'accumuler rapidement. Les retraites ou les camps, qui promettent une immersion intensive, peuvent coûter des milliers de dollars pour seulement quelques jours ou semaines.

Au-delà des coûts directs, il y a aussi des coûts indirects. Les individus peuvent perdre du temps de travail, et les familles peuvent dépenser des sommes considérables en voyages, en hébergement et en autres dépenses associées à ces thérapies.

En fin de compte, de nombreux individus et familles se retrouvent non seulement sans les résultats promis, mais aussi avec des dettes considérables. Et, tragiquement, au lieu de recevoir le soutien et l'acceptation qu'ils recherchent, ils sont souvent laissés avec plus de traumatismes et de douleurs émotionnelles, exacerbant encore leur vulnérabilité.

Il est crucial de reconnaître que l'industrie des thérapies de conversion n'est pas seulement une menace pour le bien-être émotionnel et psychologique, mais aussi une entreprise qui peut avoir des conséquences financières dévastatrices pour les individus et leurs familles.

Comment soutenir les victimes et lutter contre ces thérapies

La lutte contre les thérapies de conversion nécessite une approche multifacette, combinant le soutien direct aux victimes avec des efforts de sensibilisation et d'activisme pour mettre fin à ces pratiques.

Ressources et organisations de soutien pour les survivantes

  • Le Refuge : C'est une association qui offre un hébergement temporaire et un soutien psychologique aux jeunes LGBTQ+ en situation de précarité, notamment ceux qui ont été rejetés par leurs familles en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre. Site web : Le Refuge

  • SOS Homophobie : Cette association lutte contre les discriminations et les agressions à caractère homophobe. Elle propose une ligne d'écoute pour les personnes victimes d'homophobie et réalise des interventions en milieu scolaire pour sensibiliser les jeunes. Site web : SOS Homophobie

  • Inter-LGBT : C'est une fédération d'associations qui agit pour l'égalité des droits et contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre. Elle organise notamment la Marche des Fiertés à Paris. Site web : Inter-LGBT

  • Centre LGBT Paris-Île-de-France : C'est un lieu d'accueil, d'information et d'écoute pour les personnes LGBTQ+. Ils proposent également des groupes de parole, des ateliers et des événements culturels. Site web : Centre LGBT Paris-Île-de-France

Comment la communauté peut s'impliquer et faire la différence ?

  • Éducation : Sensibiliser le public aux dangers des thérapies de conversion par le biais de séminaires, d'ateliers et de médias sociaux.
  • Plaidoyer : Soutenir et faire pression pour des législations qui interdisent ces thérapies, en particulier pour les mineurs.
  • Soutien financier : Donner à des organisations qui luttent contre ces thérapies et soutiennent les victimes.
  • Partage d'histoires : Encourager les survivants à partager leurs expériences pour sensibiliser et aider d'autres personnes dans des situations similaires.

Autres ressources pertinentes :

À ma connaissance,  il n'y a pas de films en français majeurs qui traitent spécifiquement des thérapies de conversion. Cependant, il existe des films internationaux qui abordent ce sujet et qui sont disponibles en version française ou sous-titrée :

  • "Boy Erased" : Basé sur les mémoires de Garrard Conley, ce film raconte l'histoire d'un jeune homme envoyé dans un programme de thérapie de conversion par ses parents religieux.
  • "The Miseducation of Cameron Post" : Ce film raconte l'histoire d'une adolescente qui est envoyée dans un camp de thérapie de conversion après avoir été surprise avec une autre fille lors du bal de promo.

Ces films offrent un aperçu des dangers et des traumatismes associés aux thérapies de conversion. Si vous êtes intéressé par ce sujet spécifique, je vous recommande de rechercher ces films sur des plateformes de streaming ou de location disponibles en France.

Quelques reportages :