Les relations homosexuelles sont-elles plus stables que les relations hétérosexuelles ?
Les relations amoureuses entre personnes de même sexe sont-elles plus ou moins stables que celles entre personnes de sexes différents ? Et les évolutions législatives ainsi que les changements culturels autour des relations homosexuelles ont-ils un impact sur leur stabilité ? Aujourd’hui, les minorités sexuelles commencent à bénéficier des mêmes droits que les couples hétérosexuels, notamment le mariage légal et la protection contre la discrimination au travail ou en matière de logement dans plusieurs États. Dans ce contexte, il est pertinent d’examiner à nouveau la stabilité des relations homosexuelles sur le long terme.
Les attitudes américaines envers les couples homosexuels sont aujourd’hui plus favorables que jamais. L’approbation des relations entre personnes de même sexe est en hausse constante depuis 2009 (Pew Research Center, 2017), et la décision de la Cour suprême en 2015 validant le mariage homosexuel a représenté une victoire pour de nombreuses personnes lesbiennes, gays et bisexuelles (LGB). Grâce à ces avancées sociales et juridiques, il est pertinent de se pencher sur la stabilité des relations homosexuelles.
Sommaire
À quoi ressemble aujourd’hui la stabilité des couples homosexuels ?
Des chercheurs de la Bowling Green State University (BGSU) ont analysé des données issues de l’étude nationale longitudinale sur la transition de l’adolescence à l’âge adulte (National Longitudinal Study of Adolescent to Adult Health) (Joyner, Manning et Bogle, 2017). L’échantillon, composé de plus de 14 000 personnes, incluait trois types de couples : des couples hétérosexuels, des couples de femmes homosexuelles et des couples d’hommes homosexuels. Les chercheurs ont défini la stabilité des couples en fonction du taux de séparation et de la durée des relations. Ils se sont alors demandé : quel est le niveau de stabilité selon le type de couple ? Et cette stabilité est-elle influencée par le fait de vivre ensemble ou séparément ?
Retour sur les tendances passées
Des études antérieures ont montré que les couples homosexuels vivant ensemble avaient des taux de séparation plus élevés que les couples hétérosexuels vivant en concubinage ou mariés. Ces différences de stabilité seraient liées à des facteurs tels que les bénéfices relationnels, les alternatives possibles ou les obstacles à la séparation (Lau, 2012). L’un de ces obstacles est le stress des minorités, un concept qui désigne les pressions spécifiques auxquelles les groupes minoritaires, comme les personnes LGB, sont confrontés (Meyer, 2003). Les micro-agressions, la violence, la discrimination, le harcèlement et le manque d’approbation de la part des proches sont autant de formes de stress minoritaire susceptibles d’affecter négativement la stabilité des relations.
Quels couples sont les plus ou les moins stables ?
Les écarts de stabilité entre couples homosexuels et hétérosexuels se réduisent, mais ils n’ont pas totalement disparu. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, étant donné l’évolution du climat juridique et culturel, toutes les relations n’affichent pas la même stabilité : globalement, les couples homosexuels ont des relations plus courtes que les couples hétérosexuels (Joyner et al., 2017). Par ailleurs, les couples d’hommes homosexuels connaissent des taux de séparation nettement plus élevés que les couples de femmes ou les couples hétérosexuels. Ces résultats sont cohérents avec les études précédentes : les hommes gays et bisexuels sont exposés à des stress minoritaires qui peuvent fragiliser leurs relations (Meyer, 2003 ; Lau, 2012). Une autre explication possible réside dans les dynamiques relationnelles : les hommes, comparés aux femmes en couple, accordent généralement moins d’importance à l’intimité émotionnelle et à la réduction des barrières relationnelles (Umberson, Thomeer, Kroeger, Lodge et Xu, 2015).
Vivre ensemble améliore-t-il la stabilité du couple ?
Lorsque les partenaires emménagent ensemble, les taux de séparation évoluent (Joyner et al., 2017). Les couples homosexuels, qu’ils soient masculins ou féminins, se séparent toujours plus souvent que les couples hétérosexuels. Cependant, vivre ensemble réduit les taux de rupture, en particulier pour les couples hétérosexuels et les couples d’hommes homosexuels. En d’autres termes, les hommes choisiraient plus souvent des partenaires aux caractéristiques stabilisatrices lorsqu’ils décident d’emménager ensemble. Il reste toutefois difficile d’expliquer pourquoi cette tendance ne se vérifie pas pour les couples de femmes homosexuelles vivant en cohabitation.
Qu’en est-il du mariage légal ?
Le mariage favorise la stabilité relationnelle en renforçant la confiance et l’investissement mutuel dans la relation (Cherlin, 2004). L’accès au mariage légal, relativement récent pour les couples homosexuels aux États-Unis, devrait donc avoir un impact sur la stabilité de leurs relations. En effet, malgré le stress minoritaire auquel les personnes LGB sont confrontées, Joyner et ses collègues (2017) ont constaté que les couples homosexuels mariés sont au moins aussi stables, voire plus stables, que les couples hétérosexuels mariés.
Autres facteurs influençant la stabilité
L’étude de Joyner et ses collègues (2017) a également mis en lumière plusieurs corrélations démographiques avec la stabilité des relations. Parmi elles :
- L’origine ethnique : les répondants afro-américains rapportent des relations moins stables que les répondants blancs.
- L’hétérogamie : des différences de race ou d’âge entre partenaires sont associées à des taux de séparation plus élevés.
- Le statut socio-économique : un niveau socio-économique élevé et un plus grand nombre de partenaires sexuels précédents sont liés à un risque accru de rupture.
Certaines de ces corrélations peuvent être expliquées par l’intersectionnalité, une théorie selon laquelle le cumul de plusieurs identités minoritaires (par exemple, être une femme lesbienne et noire) entraîne des désavantages et des sources de stress uniques (Crenshaw, 1991).
Perspectives d’avenir
Bien que des disparités de stabilité persistent en raison du stress minoritaire, Joyner et ses collègues (2017) notent que les différences entre couples homosexuels et hétérosexuels sont moins marquées qu’auparavant. Cela pourrait refléter l’évolution positive des attitudes culturelles envers les couples de même sexe. Avec la poursuite des avancées législatives protégeant tous les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, ces écarts devraient continuer à se réduire. L’objectif final n’est pas que toutes les relations fonctionnent de la même manière, mais que la stabilité des couples ne soit plus influencée par la discrimination et les préjugés.
Source : psychologytoday.com
— Contribuez à notre magazine participatif —
Vous souhaitez écrire un ou plusieurs articles pour notre site ? Le Lesbia Magazine est un média libre et indépendant souhaitant porter toutes les voix de la diversité au féminin.
Envoyez-nous dès à présent votre sujet d'article via notre page de contact, nous reviendrons vers vous dans les meilleurs délais.
Zelda
-
Lesbienne amoureuse... ou pas ? 15 indices pour savoir si une femme vous aime !
-
Pourquoi les lesbiennes emménagent-elles (trop) vite ensemble ?
-
Uma Thurman et Phoebe Dynevor à l'affiche d’un nouveau drame lesbien d’époque
-
Sexualité féminine et biais implicites : une étude révèle des préférences lesbiennes méconnues
-
Le double visage de la célébrité : L’histoire troublante de Tegan et Sara via Curve magazine
-
Kamala Harris conserve une avance étroite dans un nouveau sondage national
-
Femmes lesbiennes, addiction amoureuse et le besoin de fusionner : Entretien avec la Dre Lauren Costine
-
Leisha Hailey et Kate Moennig publient un livre sur leur amitié et "The L Word" : sortie prévue en 2025
-
Pourquoi y a-t-il autant de filles lesbiennes ou bisexuelles ?
-
La fille de Meryl Streep, Louisa Jacobson fait son coming-out lesbien
Pour participer au Mag, lisez cet article