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Whitney Houston : I Wanna Dance with Somebody (2022)

(Temps de lecture: 3 - 5 minutes)

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Un long trajet en avion présente quelques avantages, notamment celui d’avoir accès à un catalogue de 76 titres cinématographiques. Merci Icelandair (et c’est la seule chose pour laquelle je les remercierai car malgré quatre heures de vol, ils n’offrent même pas une petite collation). Bref, pour passer le temps dans les airs, nous avons choisi de visionner un biopic sorti récemment (tout est relatif, mais deux ans ce n’est pas la mer à boire) au sujet de Whitney Houston. Biopic est un anglicisme signifiant biographical motion picture, entendez un film biographique. Whitney Houston : I Wanna Dance with Somebody est un film à la fois musical et dramatique de la réalisatrice Kasi Lemmons, scénarisé par Anthony McCarten, avec, dans les rôles principaux, Naomi Ackie, Stanley Tucci, Tamara Tunie et Nafessa Williams.

Synopsis

Le portrait sans concession d’une femme complexe qu’on surnommait la Voix. De ses débuts comme choriste dans le New Jersey à son statut d’artiste parmi les plus récompensées et renommées de tous les temps, le film retrace le périple galvanisant, poignant et profondément émouvant de Whitney Houston. Un parcours exemplaire ponctué de concerts sensationnels et des chansons les plus emblématiques de la star.

Robyn Crawford, la petite amie méconnue de Whitney

Si le long-métrage nous tient en haleine durant 2h26 (bel exploit du cinéaste et des acteurs, car même si nous ne connaissions pas les secrets les mieux gardés de la star américaine, comme dans le film Titanic, nous savions déjà qu’à la fin elle prenait l’eau), nous comprenons au bout de quelques minutes seulement que Whitney, si elle n’a pas connu une fin très gaie, a en revanche emprunté un chemin de vie relativement gay. Pour nous qui n’avons pas suivi les tabloïds de l’époque, sacrée surprise !

La diva, décédée à l’âge de 48 ans le 11 février 2012, semble en effet n’avoir connu qu’une seule grande histoire d’amour, et pas celle qu’on lui prête habituellement. Si elle a épousé le sulfureux Bobby Brown dans le but de fonder une famille, son I wanna dance with somebody résonne comme un chant d’amour interdit. Whitney aurait tellement aimé continuer à danser avec Robyn. Mais… la religion et la célébrité l’en ont empêchée.

Un beau gâchis

Whitney Elizabeth Houston. Une beauté rayonnante, une voix dont la pureté a fait l’unanimité et des paroles vibrantes, voilà comment définir celle qui dès ses débuts dans la chanson a tutoyé les sommets. Ce que l’on sait moins, c’est que Whitney a entretenu des années durant une relation amoureuse passionnelle avec Robyn Crawford, devenue ensuite son assistante et meilleure amie. Le film évoque également son père malhonnête, sa mère contrôlante, son manager, lui aussi gay, faisant office de figure paternelle, son mariage mal assorti avec un chanteur rapidement sur le déclin et la précipitant dans la drogue, sa déchéance mêlée à ses hits. Jamais une femme de couleur n’a été aussi récompensée que Whitney, et pourtant...

Le cocktail est détonnant. Vendant 40 millions d’albums dans les années 90, Whitney fait le choix de se dévouer à sa carrière au risque de s’y perdre. S’avouer publiquement en couple avec cette femme qu’elle aime plus que tout l’univers risquerait de nuire à « la marque », comme le lui dit si bien son père. Sous couvert d’une religion dont il n’écoute que les préceptes qui l’arrangent, cet homme, infidèle et dépensant sans compter l’argent de sa fille,  ne sera pas le seul être maléfique entraînant la perte de Whitney. Bobby, menteur, volage, qui demande à Whitney de l’épouser et lui apprend dans la même phrase que son ancienne compagne est enceinte de lui, est un homme violent qui ne réussira jamais à apporter à Whitney le foyer dont elle rêvait. Elle qui souhaitait un cocon empreint d’amour, à l’opposé de la famille dans laquelle elle avait grandi, comprendra hélas trop tard qu’elle a sacrifié sur l’autel du succès et de son désir de maternité la seule valeur qui lui importait vraiment.

La seule, à part son manager, à véritablement se soucier de Whitney pour elle-même et non pour sa gloire, son aura ou son portefeuille, reste incontestablement Robyn, écartée par un mari dont avec raison, elle dira : « Tu ne la mérites pas, tu ne l’as jamais méritée. »

Même après la « fin » de leur histoire d’amour, elle restera celle qui, dans l’ombre ou la lumière, tachera de veiller sur celle qu’elle n’a manifestement jamais cessé d’aimer dans le sens le plus noble du terme, sans s’imposer et sans décider pour elle.

Whitney le lui rendra, s’opposant pour la première fois à un père autoritaire et culpabilisant en refusant de l’éloigner, ce qui ne deviendra envisageable que quand la drogue aura pris les commandes…

Pour conclure

Nous mourrons tous. Le but n'est pas de vivre éternellement. Le but est de créer quelque chose qui restera.

Voilà une citation de Whitney. Si tel était son but, alors on peut dire qu’elle l’a atteint.

Néanmoins, si cette femme qui semblait si forte avait eu le courage de tracer sa route en tant que femme noire, américaine, en couple avec une autre femme, n’aurait-elle pas connu un tout autre destin, bien moins tragique ?

La question reste en suspens au terme de ce film hommage vibrant, un peu trop critiqué au moment de sa sortie par une presse acerbe et injuste, que nous ne pouvons que vous encourager à visionner à votre tour.

La bande annonce