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Les femmes sont-elles plus bisexuelles que les hommes ?

(Temps de lecture: 4 - 7 minutes)

Les femmes sont-elles plus bisexuelles que les hommes ?

Il parait que les femmes sont plus susceptibles de s'identifier comme bisexuelles... Etrange ? Pas tant que ça ! La recherche sur l'excitation sexuelle pourrait-elle nous en dire plus ? Attention aux surprises !

La sexualité des femmes ou le système reproductif féminin est très peu étudié dans le domaine scientifique, il est encore considéré comme un sujet "tabou". Ce n'est sans doute pas sans raison qu'après des siècles de souffrances, aucun institut pharmaceutique digne de ce nom n'est capable de fabriquer un antidouleur pour nos menstruations alors que ces messieurs peuvent être actifs après 80 ans ! Mais la discrimination pharmaceutique n'est pas le sujet de cet article...

Sommaire

Les chiffres

En 2020, environ 3,2 % de la population occidental âgée de plus de 16 ans s'est identifiée comme lesbienne, gay ou bisexuelle. Mais en ce qui concerne la bisexualité, la différence entre les hommes et les femmes est flagrante : les femmes sont beaucoup plus susceptibles de s'identifier comme bisexuelles que les hommes (1,6 % des femmes contre 0,9 % des hommes).

De même, une étude menée à l'Université de Notre Dame (aux Etats-Unis) a révélé que les femmes étaient trois fois plus susceptibles de s'identifier comme bisexuelles. "Les femmes ont une plus grande probabilité que les hommes d'être attirées à la fois par les hommes et les femmes", a déclaré la chercheuse Elizabeth McClintock, lors de l'examen des résultats de la recherche. "Cela indique que la sexualité des femmes peut être plus flexible et adaptative que celle des hommes".

Les preuves montrent massivement que les femmes sont beaucoup plus susceptibles de s'identifier comme bisexuelles que les hommes. Mais il est difficile de dire pourquoi. Serait-ce parce que les femmes sont naturellement bisexuelles ? Ou peut-être est-ce parce qu'il est culturellement mieux accepté pour les femmes d'être sexuellement fluides, de s'identifier comme lesbiennes ou bisexuelles, que pour les hommes de s'identifier comme autre chose qu'hétérosexuels. Je pencherai d'ailleurs pour cette deuxième option.

Bien sûr, il est difficile de séparer le culturel du biologique, mais la recherche sur les différences entre les sexes en matière d'excitation génitale pourrait nous en apprendre davantage.

L'excitation bisexuelle des femmes

Petit cours de bio express : l'excitation sexuelle génitale ou excitation physiologique est la réponse corporelle à un contenu sexuel. Chez les hommes, elle est mesurée par les changements de la circonférence du pénis. Chez les femmes, elle est mesurée par les changements du flux sanguin dans le vagin.

Ca, c'est fait.

Maintenant, parlons concrètement des recherches. Celles faites sur l'excitation sexuelle génitale ont révélé que les femmes sont plus susceptibles de présenter un schéma bisexuel dans leur excitation sexuelle par rapport aux hommes, quelle que soit leur orientation sexuelle. L'étude de 2016 a révélé que les hommes sont beaucoup plus susceptibles d'éprouver une excitation sexuelle envers un seul sexe, alors que les femmes sont plus susceptibles de manifester une excitation sexuelle génitale en réponse à des vidéos sexuelles d'hommes et de femmes.

Les recherches indiquent que les identités sexuelles des femmes sont plus "flexibles" que celles des hommes.

Un modèle d'excitation plus bisexuel chez les femmes a été observé dans de nombreux autres domaines de la recherche sur l'excitation, notamment la dilatation des pupilles et les réponses du cerveau.

Le laboratoire anglais de l'université d'Essex a toujours constaté que les femmes sont plus susceptibles d'avoir des réponses physiques bisexuelles que les hommes. Des recherches menées par Gerulf Rieger ont montré que les femmes hétérosexuelles présentaient une réponse d'excitation sexuelle similaire à la fois aux vidéos sexuelles d'hommes et aux vidéos sexuelles de femmes. C'est le cas même si toutes les femmes de l'étude ont déclaré qu'elles n'étaient attirées que par les hommes.

Quelles en sont les causes ?

La théorie la plus en vue pour expliquer pourquoi les femmes présentent un schéma d'excitation bisexuelle est ce que l'on appelle "l'hypothèse de la préparation". Cette hypothèse, proposée en 2011 par les chercheurs Kelly Suschinsky et Martin Lalumière, suggère qu'en raison de la fréquence des viols et des violences sexuelles au cours de l'histoire de l'humanité, les femmes ont évolué pour être physiologiquement excitées par les situations sexuelles, même si elles les détestent ou en sont dégoûtées. Cette théorie est-elle fumeuse et contribue-t-elle à la culture du viol ? Il faudrait sérieusement y réfléchir, car cette même théorie expliquerait que cette excitation physiologique permettrait au vagin de se lubrifier, réduisant ainsi la probabilité de blessures génitales qui pourraient survenir lors de violences sexuelles.

Parce que quitte à soulever des théories et hypothèses, nous pourrions simplement souligner qu'à force de violences infligés par ces messieurs, l'évolution et l'instinct de préservation des femmes les poussent à se rapprocher de ce qui n'est pas violents : donc les femmes.

Une autre étude va bien plus loin - tout aussi fumeuse et soutenant la première suscitée. Elle pourrait s'avérer dangereuse quand on considère le nombre de détraqués qui peuplent le web car tend à démontrer que les femmes manifesteraient une excitation génitale en regardant des rapports sexuels avec des animaux (chimpanzés bonobos).

Heureusement, une autre une étude menée en 2018 auprès de 20 femmes a révélé que le fait de regarder des films sexuellement explicites n'entraînait pas automatiquement une lubrification vaginale... l'honneur est donc sauvé.

Il semblerait néanmoins que les études soient complexes à mener puisqu'il s'avère difficile de mesurer la lubrification vaginale, mais les résultats indiquent qu'il pourrait y avoir des failles dans la pensée scientifique selon laquelle les femmes sont excitées par tout ce qui est sexuel.

Enfin, il existe une énième théorie qui vise à définir si l'empathie pourrait expliquer l'excitation bisexuelle des femmes. Des études montrent que les femmes sont naturellement plus empathiques que les hommes, en particulier envers les autres femmes.

Seule évidence parmi ces études (sans doute menées par une majorité d'hommes * tousse *) les femmes sont plus à même de synchroniser leurs propres émotions avec celles d'une autre personne. Cela signifie que les femmes sont plus à même de comprendre et de ressentir ce que ressent une autre personne. Et en termes de sentiments sexuels, cela pourrait signifier que si une femme regarde une vidéo sexuelle d'une femme excitée, elle pourrait également être excitée en raison de son empathie.

Bien que cette nouvelle théorie soit encore à l'étude, il est clair qu'en raison de la complexité des facteurs culturels et biologiques en jeu et des limites des hypothèses actuelles pour expliquer les schémas d'excitation, les conclusions ne peuvent aller plus loin... et tant mieux !

Le conflit "science" et "sexualité"

Il serait temps de ne plus chercher systématiquement les raisons du pourquoi du comment une personne d'un sexe ou d'un genre se trouve sexuellement ou émotionnellement attirée par une autre personne de tel ou tel sexe ou genre. L'humain et ses sciences n'ont pas accès à cette sphère mystique que sont les sentiments. Et je m'interroge car derrière toute action il y a toujours des intentions, alors quel est le but de ces recherches ? Trouver les causes... pourquoi ? Que feront-ils des réponses ? Prévoient-ils de trouver la cause pour mieux la supprimer ? Quelle que soit la réponse, ce qui ressort de ces études, c'est le besoin de notre société de vouloir encore et toujours contrôler les gens.

Comme le dit si bien le hashtag : #LoveIsLove, le reste ne regarde pas les universitaires mais chaque individu.