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La passion amoureuse chez les lesbiennes

(Temps de lecture: 5 - 9 minutes)
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Image tirée du film "La jeune fille en feu"

La passion amoureuse : Amour ou rage ?

Qui n’a pas connu au moins une fois dans sa vie une relation passionnelle ? Qu’est ce qui nous rend ainsi accro quasiment dés les premiers instants avec cette autre que l’on ne connaît pas encore ? Certains l’appelle coup de foudre, d’autres l’évidence, d’autres encore la magie. Une chose est certaine l’adage « L’amour a ses raisons que la raison ne connaît pas » n’a jamais été aussi vrai que dans une relation passionnelle. Il me semble que c’est d’autant plus vrai et courant dans l’homosexualité. Pourtant rares sont les fois où une relation de ce type devient pérenne, certaines peuvent même être extrêmement dangereuses. A l’image de Roméo et Juliette ou de 37.2 le matin, la passion peut mener dans un précipice où il y a tout intérêt à savoir voler si on ne veut pas finir sous terre.

Le coup de foudre

La passion amoureuse, c’est magnétique, ça emporte, c’est plus fort que nous, ça y est on le sait d’avance « je suis foutue ». Avec elle, on a envie de faire tomber les barrières, on se sent porter par une énergie nouvelle, une force qui nous pousse vers un mieux vivre. C’est elle ! C’est grâce à elle ! Cette femme ! Cette rencontre ! Voici certainement la 1ère de toutes les erreurs à éviter absolument : Croire que c’est elle la raison de tout ce bonheur. L’état amoureux a le don d’inhiber la partie du cerveau qui raisonne et alors on devient déraisonnable ! C’est parti pour un tour de manège ! Vous me suivez ?…

Départ tout beau tout neuf !

Ca y est on baigne dans l’état fusionnel, on est au 7ème ciel… C’est la grande éclate ! Des soirées qui passent à la vitesse de l’éclair à se raconter,  se regarder,  se goûter… Aux attentes de se revoir qui passent à un rythme d’une lenteur incroyable… Le temps n’a plus vraiment de sens, et on aimerait pouvoir le maitriser, l’arrêter ou l’accélérer. On se balade avec le téléphone à portée de main et on se surprend à sourire comme la dernière des débiles dans la rue en pensant à nos derniers moments passés avec notre autre. On s’émerveille d’un rien et les ennuis deviennent moins encombrants. On rayonne et on nous le dit ! Même notre chef de service qui habituellement a le don de nous mettre les nerfs en pelote, nous donnerait presque envie de lui faire une franche accolade. Tout devient beau, c’est le paradis sur terre ! Oui oui… Je confirme on est bel et bien foutue !
Ce moment divin va rester graver dans nos mémoires. Il est le point central et névralgique de la passion amoureuse, celui que l’on voudra retrouver encore et encore… Mais que pourtant nous allons fatalement perdre.

La différence, celle qu’on ne veut pas voir

On y est… L’autre diffère, là où l’on croyait avoir trouvé notre double, on constate que non pas tout à fait… A cette étape du couple, 2 solutions : On s’adapte et on fait avec, on apprend à aimer ces différences, ou on ne veut pas les voir, on se voile la face. C’est ici même que l’on peut passer de l’état amoureux à l’amour, ou de l’état amoureux à la passion. Aimer c’est faire avec les différences de l’autre, les respecter et c’est cesser aussi de vouloir plaire à tout prix pour retrouver cet état fusionnel du début de notre si belle histoire. L’idéal vient alors se confronter à la réalité. Certains couples décident de rompre à cette étape, tandis que d’autres décident tout naturellement de composer ensemble avec les différences de chacun pour trouver un équilibre relationnel. Mais il y a ceux qui ne veulent pas se séparer et ne veulent pas non plus faire avec les différences, ils veulent retrouver cet idéal qu’ils avaient placé en l’autre au début de cette fabuleuse rencontre. C’est alors le début des montagnes russes émotionnelles. Idéal vs réalité et les deux partenaires jouent alors sans le vouloir à ce petit jeu du chat et de la souris, du suis moi je te fuis, fuis moi je te suis, car chacune sait qu’elle n’est pas un idéal et ne veut qu’une chose être aimée comme  est, mais chacune aussi veut voir cet idéal en l’autre… S’entame alors une danse infernale passant du paradis à l’enfer. Bienvenue dans la passion amoureuse !

Le danger de la passion

Son danger c’est qu’elle produit une forte dépendance, l’illusion étant de croire que l’autre est la source même de notre bonheur, puisque c’est bien à travers elle que nous avons connu l’extase et toujours par elle que nous continuons à la goûter. Le danger peut même être mortel si l’autre tout à coup décide de mettre les voiles, on se retrouve alors dans un vide tel que tous nos repères s’effondrent littéralement. Certaines décisions ont été prises dans cet amour fou, certaines personnes se sont oubliées, ont mis de coté leurs loisirs, voire leurs amis, certaines en ont même perdu leur travail. Des décisions ont été prises durant cette relation bien souvent par peur de perdre l’autre. Mais la peur de perdre l’autre entraîne inexorablement sa perte un jour ou l’autre. Par ailleurs, la perte fait partie de la vie, même pour le couple durable. C’est le lot de tout ce qui est vivant sur cette planète. Tout ce qui vit est amené à mourir. Le piège est de vouloir à tout prix et par tous les moyens retenir le bonheur, effacer le malheur et vouloir vivre dans une utopie qui n’est de toute façon ni réaliste ni réalisable. La relation passionnelle est toxique et il n’est pas question de dire que l’une des deux est plus toxique que l’autre, même s’il est souvent tentant de le penser. Une relation ne peut-être toxique que si les deux le sont, sans cela la relation ne pourrait exister.

La passion amoureuse peut-elle se transformer en relation d’amour ?

Oui ! Si et seulement si, les deux femmes ont conscience qu’elles ont un travail personnel à faire et ont envie de communiquer et de faire avec les différences de l’autre. Bien souvent ces différences ne sont pas supportables car elles viennent activer de vieilles blessures qui n’ont pu être guéries. Il s’agit alors de pouvoir en discuter et de trouver également un terrain d’entente, un terrain fécond et créateur d’une autre manière d’agir ou d’être sans que cela soit couteux pour personne. En réalité, ce sont ces mêmes différences qui ont attiré les partenaires, celles-ci sont souvent ce dont on manque et qu’on aimerait avoir mais qu’on a pas pu acquérir. A l’image du chaud et du froid qui se rencontrent.  L’une trop chaude, l’autre trop froide, mais l’union de ces deux polarités peuvent créer un équilibre parfait si tant est que le chaud sache de lui-même se refroidir, et vice versa. Ces compétences que l’autre a et qui nous manque tant, peuvent s’acquérir grâce à la relation et grâce aussi à l’amour et au bonheur de voir l’autre s’épanouir dans sa vie personnelle., mais également avec l’aide d’un thérapeute qui saura guider la personne à élaborer une pensée plus réaliste. On arrive alors ici même à un état d’amour et les peurs peuvent disparaitre au fil du temps et à force de travail. C’est un lourd et dur travail, mais c’est un voyage extraordinaire. Le voyage vers soi à travers le partage, un voyage vers l’amour, un voyage au travers duquel on dépose à chaque épreuve une charge que l’on porte en soi depuis bien trop longtemps.

Amour inconditionnel et idéal

Tout individu sur cette planète rêve d’aimer et d’être aimé de façon inconditionnelle. Attention toutefois à ne pas le confondre avec notre idéal… L’idéal est davantage intimement lié à cette enfant en nous pleine de besoins et de manques aussi et qui compte sur l’autre pour la combler. L’amour inconditionnel ne demande et n’attend rien si ce n’est le plaisir du partage, il ne veut pas dire : tout accepter de l’autre, bien au contraire, il passe avant tout par soi et le respect de ses propres besoins, tout en respectant l’autre. L’idéal quant à lui induit des comportements déviants :  autoritarisme, caprices, reproches, culpabilisation, voire insultes, propos violents et fuites en avant si l’autre ne se plie pas aux désirs de cette enfant en souffrance. Il est alors très facile d’entrer dans le triangle de Karpman qui n’est rien d’autre que de l’emprise.

L’amour inconditionnel ne peut se toucher que lorsqu’une grande partie des blessures ont été traitées, libérées émotionnellement. La relation passionnelle est celle qui réveillera nos douleurs mais qui également aura une puissance attractive telle qu’il est difficile d’en sortir. On a souvent tendance à accuser l’autre de tous les torts, or chaque blessure parle en réalité de notre passé et c’est en cela que la passion amoureuse peut être bénéfique.

Et vous ? Comment avez-vous vécu la passion amoureuse ? S’est-elle transformée en relation d’amour saine et respectueuse ? Si oui, qu’avez-vous mit en oeuvre pour ce faire ? Ou peut-être avez-vous préféré renoncer ?

 

Cela dépend
1 year ago
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Aucune relation amoureuse ne vaut peine d'être vécue si elle n'est pas passionnelle. Peu importe la toxicité, la passion nous permet de grandir, de nous confronter non pas à l'autre mais à nous même, à nos émotions et à nos sentiments. Les amourettes, sans passion, sont éphémères. La passion s'apprivoise avec le temps, elle enseigne la temparence, la remise en question, l'empathie et surtout a voir au-delà de l'ego. Elle est la base d'une relation qui dure dans le temps pour vivre l'amour avec un grand A.
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