Transactivisme : quand les sophismes remplacent le dialogue constructif
Voici un sujet d'actualité que je souhaitais aborder depuis très longtemps, un sujet non pas glissant mais carrément dangereux, celui du transactivisme et de la critique des théories du genre.
A l'ère de l'annulation où plus aucune critique ou opinion ne peut être partagée sans créer un entonnoir à haineux pouvant vous faire perdre votre travail (Voir notre article "L'affaire Maya Forstater : la cancel culture frappe au nom des droits transgenres". La raison de cet article est donc multiple et se trouve dans chaque point du sommaire ci-dessous : les sophismes utilisés par les transactivistes et idéologues qui cassent le dialogue, limitent notre liberté d'expression, et n'ont sans doute pas conscience d'être des sophistes de talents. Identifier ces sophismes permet de savoir à qui vous avez à faire et si le dialogue est possible ou déjà pipé d'avance par une forme de malhonnêteté intellectuelle visant à vous empêcher de partager votre opinion.
Sommaire
D'abord, qu'est-ce qu'un sophisme ?
Un sophisme est un argument ou raisonnement qui semble logique et convaincant en apparence, mais qui s'avère en réalité fallacieux ou trompeur. Les sophismes sont souvent utilisés pour manipuler ou persuader autrui en exploitant les faiblesses du raisonnement humain. Ils sont couramment rencontrés dans les débats et les discussions, y compris dans le domaine du transactivisme.
Le contexte du transactivisme et les défis
Si de prime abord le transactivisme vise à promouvoir les droits et l'égalité des personnes transgenres, en s'attaquant aux discriminations et aux stéréotypes de genre, force est de constater qu'il est parfois critiqué et critiquable, a raison, de part certaines prises de position et méthodes employées visant à faire passer ses messages. Malheureusement, le débat sur ces questions est souvent parasité par des sophismes et des biais cognitifs qui entravent la communication et l'échange d'idées constructives Dans cet article, je souhaite partager mon analyse sur ces obstacles au dialogue et proposer des pistes pour les surmonter, afin de permettre un échange d'idées plus respectueux et constructif sur ces enjeux.
Les sophismes courants dans le discours transactiviste
L'argument d'autorité
Les transactivistes font souvent appel à des experts ou à des organismes reconnus pour soutenir leurs revendications, sans tenir compte des critiques ou des nuances. Par exemple, ils peuvent citer le DSM-5, qui classe la dysphorie de genre comme un trouble mental, pour justifier des traitements hormonaux ou des chirurgies pour les mineurs, sans considérer les controverses qui entourent ces pratiques.
Autre exemple de l'argument d'autorité serait un transactiviste affirmant que les professionnels de la santé mentale soutiennent l'autodétermination du genre sans remettre en question les traitements hormonaux ou les chirurgies. Or, il existe un débat au sein même de la communauté médicale sur ces sujets, et il est important de prendre en compte les différentes perspectives pour éclairer le débat.
L'homme de paille
Certains transactivistes déforment les arguments de leurs adversaires pour les rendre plus faciles à réfuter. Par exemple, ils pourraient accuser les féministes radicales d'être transphobes simplement parce qu'elles remettent en question certaines revendications du mouvement transgenre, sans prendre en compte la diversité des points de vue au sein du féminisme radical. Ils les accusent donc de vouloir "nier l'existence des personnes transgenres". En réalité, les féministes radicales remettent en question les idées autour du genre, mais ne nient pas l'existence ou les droits des personnes transgenres. Pour avoir pris le temps de discuter avec plusieurs d'entre elles, toute (sans aucune exception) émettent de l'empathie pour les personnes dysphoriques et comprennent leurs difficultés.
La généralisation hâtive
Les transactivistes peuvent parfois tirer des conclusions hâtives à partir d'un nombre limité d'exemples. Par exemple, ils pourraient affirmer que toutes les personnes transgenres souffrent de discrimination et de violences, en se basant sur quelques cas médiatisés, sans tenir compte des différences individuelles et des contextes culturels.
Ou encore, lorsqu'un transactiviste soutient que "toutes les personnes transgenres sont en danger de violence" pour justifier l'accès aux espaces réservés aux femmes, il commet une généralisation hâtive. Bien que la violence envers les personnes transgenres soit un problème sérieux, il ne faut pas ignorer les préoccupations spécifiques des femmes liées à leur propre sécurité.
Le faux dilemme
Certains transactivistes présentent les débats sur les questions transgenres comme un choix binaire entre deux options extrêmes, sans laisser de place à la nuance ou au compromis. Par exemple, ils pourraient affirmer que si vous ne soutenez pas pleinement les revendications du mouvement transgenre, vous êtes forcément transphobe.
Autre exemple de faux dilemme est lorsque les transactivistes présentent l'accès aux soins médicaux pour les personnes transgenres comme une question de "vie ou de mort", omettant ainsi les nuances et les préoccupations légitimes concernant certains traitements médicaux.
L'appel à l'émotion
Les transactivistes utilisent parfois des arguments émotionnels pour susciter la sympathie et l'adhésion à leur cause, en mettant l'accent sur les souffrances et les difficultés des personnes transgenres. Bien que ces expériences soient importantes à prendre en compte, elles ne devraient pas être utilisées pour manipuler les débats ou pour discréditer les critiques.
Un autre exemple d'appel à l'émotion est lorsque les transactivistes utilisent des récits tragiques de personnes transgenres en détresse pour susciter la sympathie et éviter les discussions critiques sur les enjeux liés à la transition médicale et aux conséquences de la détransition.
La réduction à l'absurde
Dans un débat sur la biologie et le genre, un médecin pourrait dire: "Les femmes sont biologiquement programmées pour avoir des enfants." Un transactiviste pourrait répliquer: "Alors si ce que vous dites est vrai, les femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfant ne sont pas des femmes ?" Cet exemple montre comment un argument peut être déformé pour paraître absurde, sans pour autant répondre au point initial.
Le déplacement de la charge de la preuve
Un exemple de réduction à l'absurde dans le débat sur la biologie et le genre est lorsque les transactivistes détournent un argument en le poussant à l'extrême. Par exemple, face à un médecin qui affirme que "les femmes sont biologiquement programmées pour avoir des enfants", un transactiviste pourrait répondre : "Alors si ce que vous dites est vrai, les femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfant ne sont pas des femmes ?" Cet exemple montre comment un argument peut être déformé pour paraître absurde, sans pour autant répondre au point initial.
L'attaque ad hominem
Certains transactivistes peuvent recourir à des attaques personnelles contre leurs adversaires, en les accusant d'être transphobes, bigots ou ignorants, au lieu de s'attaquer à leurs arguments. Ce sophisme est d'ailleurs le plus courant. Ces attaques ad hominem servent à discréditer les critiques et à détourner l'attention du débat de fond.
L'appel à la majorité
Les transactivistes peuvent parfois invoquer l'opinion majoritaire pour justifier leurs revendications, en affirmant que la plupart des gens soutiennent le mouvement transgenre, sans tenir compte des voix dissidentes ou des débats internes. Cet argument peut être utilisé pour marginaliser les critiques et faire taire les controverses.
Les biais cognitifs qui influencent notre perception des débats
Le biais de confirmation
Ce biais cognitif nous pousse à accorder plus de poids aux informations qui confirment nos croyances et à ignorer celles qui les contredisent. Les transactivistes peuvent l'exploiter pour renforcer leurs opinions et rejeter les arguments contraires. Par exemple, ils pourraient mettre en avant des études qui soutiennent l'idée que le genre est une construction sociale, tout en ignorant les recherches qui montrent l'importance des facteurs biologiques.
Le biais de représentativité
Le biais de représentativité conduit à la surévaluation de la ressemblance entre un échantillon et une population générale. Les transactivistes pourraient s'appuyer sur quelques cas médiatisés d'enfants transgenres pour généraliser leurs revendications à l'ensemble des personnes transgenres, sans tenir compte de la diversité des expériences individuelles.
Le biais d'ancrage
Le biais d'ancrage nous fait nous accrocher à une information initiale, même si elle est erronée, et l'utiliser comme point de référence pour nos jugements ultérieurs. Par exemple, les transactivistes pourraient insister sur le fait que l'âge d'un enfant est un critère déterminant pour décider s'il doit ou non recevoir des traitements hormonaux, sans tenir compte des autres facteurs, tels que le développement cognitif, social et émotionnel de l'enfant.
Le biais de disponibilité
Ce biais cognitif nous fait accorder plus d'importance aux informations qui nous viennent facilement à l'esprit. Les transactivistes peuvent l'utiliser pour mettre en avant des anecdotes ou des témoignages personnels, plutôt que de s'appuyer sur des études scientifiques rigoureuses et représentatives de la réalité.
Le biais de confirmation de l'hypothèse
Ce biais cognitif nous fait chercher des preuves pour confirmer nos hypothèses plutôt que de les réfuter. Les transactivistes peuvent l'utiliser en cherchant uniquement des témoignages ou des études qui soutiennent leurs positions, sans considérer les arguments qui remettent en cause leur point de vue. Par exemple, ils pourraient mettre en avant des cas où des personnes transgenres se sentent mieux après une transition médicale, sans prendre en compte les situations où des individus regrettent leur transition.
Le biais de groupe
Le biais de groupe nous amène à adopter les opinions et les croyances du groupe auquel nous appartenons, même si elles sont erronées. Les transactivistes peuvent se retrouver dans des échos de chambres où leurs idées sont renforcées par la répétition et l'absence de remise en question. Cela peut les empêcher de considérer les opinions divergentes et les amener à rejeter les arguments contraires sans les évaluer objectivement.
Le biais d'auto-complaisance
Ce biais cognitif nous fait surestimer nos capacités et notre influence sur les événements. Les transactivistes peuvent l'exploiter en s'attribuant le mérite des progrès réalisés en matière de droits des personnes transgenres, sans tenir compte des efforts et des contributions d'autres acteurs, tels que les militants pour les droits de l'homme, les chercheurs et les médecins.
Le biais de l'effet de halo
L'effet de halo nous fait attribuer des qualités positives ou négatives à une personne en fonction de notre première impression d'elle. Les transactivistes peuvent utiliser ce biais pour discréditer les personnes qui expriment des opinions divergentes, en les présentant comme transphobes, conservatrices ou réactionnaires, sans évaluer la pertinence de leurs arguments.
Ces biais cognitifs, combinés aux sophismes évoqués précédemment, contribuent à polariser les débats sur les enjeux transgenres, nourrissant le flot de haine que nous connaissons et empêchant un dialogue constructif et respectueux entre les différents acteurs concernés.
Comment éviter les sophismes et les biais cognitifs dans le débat sur le transactivisme
Écouter et comprendre les arguments des autres
Pour instaurer un dialogue constructif, il est essentiel de prendre le temps d'écouter et de comprendre les arguments avancés par les autres. Cela signifie mettre de côté nos préjugés et nos émotions pour aborder le sujet avec un esprit ouvert et critique. Il est important de se rappeler que le désaccord peut être sain et contribuer à la croissance personnelle et collective.
Remettre en question nos propres préjugés et convictions
Nous devons être conscients de nos propres biais cognitifs et de nos convictions pour pouvoir les remettre en question. Il est essentiel d'interroger nos idées reçues et de reconnaître que nos opinions peuvent être influencées par notre environnement et notre histoire personnelle. En adoptant une attitude d'auto-réflexion, nous serons mieux à même de comprendre les points de vue divergents et de nous engager dans un débat éclairé et respectueux.
Privilégier les sources d'information fiables et diversifiées
Pour éviter de tomber dans le piège des sophismes et des biais cognitifs, il est crucial de s'informer à partir de sources fiables et diversifiées.
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