Pourquoi les lesbiennes emménagent-elles (trop) vite ensemble ?
"Je ne suis pas ce qui m’est arrivé, je suis ce que je choisis de devenir."
Les lesbiennes ont-elles une façon bien à elles de vivre l’amour et les relations ? La Dre Lauren Costine, psychologue clinicienne basée à Beverly Hills, s’intéresse de près aux spécificités de la psychologie lesbienne, tout en fondant le Centre lesbien de Los Angeles. Se décrivant comme "psychologue clinicienne, éducatrice, écrivaine, instructrice et activiste", elle prépare un livre sur la psychologie des lesbiennes, dirige un projet de Centre lesbien à West Hollywood et se spécialise dans la psychologie affirmative LGBT dans son cabinet privé. Elle a pris le temps de me parler de l’homophobie intériorisée chez les lesbiennes, de notre tendance à vouloir fusionner trop vite et d’une soirée qui s’annonce mémorable.
"La psychologie affirmative LGBT repose sur l’idée que les personnes homosexuelles, en l’occurrence les lesbiennes, ont une manière unique d’expérimenter le monde", explique la Dre Costine. "Les choses s’améliorent, mais la plupart d’entre nous avons grandi dans un monde où l’hétérosexualité est la norme et où l’homophobie persiste. L’hétéronormativité — l’idée selon laquelle tout le monde est ou devrait être hétéro — est omniprésente, notamment dans la publicité et le cinéma. Partout, on nous vend des couples hétérosexuels comme la seule normalité."
La Dre Lauren Costine
Ce conditionnement culturel fait croire que l’hétérosexualité est naturelle et attendue, reléguant l’homosexualité à une position "différente" et marginale. Grandir dans ce contexte peut engendrer un sentiment de honte profonde, une impression d’être défectueuse ou inadaptée.
"J’ai inventé le terme ‘homophobie intériorisée chez les lesbiennes’ pour décrire le double problème auquel nous faisons face : l’homophobie et la misogynie", explique la Dre Costine. "Nous grandissons dans une société qui dévalorise encore les femmes tout en restant homophobe. Cela crée un ensemble de difficultés spécifiques aux lesbiennes. Grâce à la psychothérapie affirmative lesbienne, j’aide mes patientes à comprendre que le problème ne vient pas d’elles, mais de la société. Une fois cette prise de conscience faite, elles peuvent se détacher des sentiments de honte et retrouver leur estime de soi."
Un mal-être profond peut conduire certaines personnes à chercher du réconfort dans des addictions, et les études montrent que la communauté LGBT est plus touchée par ces problèmes que les hétérosexuels. Parmi ces addictions, la Dre Costine en identifie une qui serait particulièrement répandue chez les lesbiennes : l’addiction à l’amour. Elle travaille d’ailleurs sur un livre qui analyse pourquoi tant de lesbiennes emménagent ensemble très rapidement, un phénomène bien connu dans la communauté.
"Ce phénomène s’explique par deux raisons", dit-elle. "D’un point de vue biologique, notre cerveau est programmé pour rechercher des relations et des connexions. Nous produisons beaucoup plus d’ocytocine que les hommes. L’ocytocine est l’hormone de l’attachement : elle est libérée lorsque nous tombons amoureuses, avons des relations sexuelles ou même quand nous allaitons. C’est un mécanisme biologique qui nous pousse à créer du lien. Et cela procure une sensation tellement agréable que certaines femmes, notamment les lesbiennes, en deviennent accro. Et comme une relation lesbienne implique deux femmes… eh bien, ça double la dose d’ocytocine !"
"La deuxième raison est culturelle. Depuis toujours, la société pousse les femmes à croire que leur épanouissement passe par une relation de couple. Ajoutez à cela un manque d’estime de soi dû à l’homophobie intériorisée, et vous obtenez la recette parfaite pour un emménagement précipité. L’amour donne l’illusion temporaire de combler ce vide intérieur. Tous les signaux d’alerte sont alors ignorés."
Voir aussi l'article : Suis-je lesbienne ? Comment savoir si j'aime les femmes ?
Sur le moment, tout paraît parfait. Nous connaissons toutes cette euphorie des débuts. Mais le problème avec ces relations ultra-rapides, c’est qu’elles ne tiennent pas toujours sur la durée.
"Ça ne dure pas", affirme la Dre Costine. "J’ai remarqué que, chez les lesbiennes, la durée de vie d’une relation intense est souvent plus courte que chez les couples hétéros… Nous nous épuisons rapidement, généralement entre trois et dix-huit mois. Passé ce délai, le corps féminin ralentit puis cesse de produire cette hormone d’attachement. L’effet euphorisant disparaît, la phase de lune de miel est terminée, et soudain, deux femmes se retrouvent face à face, réalisant tout ce qu’elles n’aiment pas chez l’autre."
Ce n’est pas une simple théorie, c’est un fait scientifique. La Dre Costine a contribué à créer en 2006 une spécialisation en psychologie clinique LGBT à l’Université Antioch. Le programme comprend quatre cours principaux : Histoire et mythes LGBT, Multiculturalisme LGBT, Psychothérapie affirmative LGBT et Systèmes familiaux LGBT. Voici son conseil pour débuter une relation saine et équilibrée, basée sur la compréhension et le respect mutuel.
Bon, dit comme ça, ça a l’air un peu moins excitant…
Source : afterellen.com
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