Hafsia Herzi signe avec "La Petite Dernière" un film sincère sur l’identité lesbienne et musulmane

Il y a des films qui s’imposent naturellement, sans chercher à séduire ni à convaincre et La Petite Dernière, d’Hafsia Herzi, fait partie de ceux-là. Ce film est un souffle, un battement de cœur et aussi une quête de vérité simple et douloureuse : celle d’une jeune femme qui tente de s’aimer dans un monde qui ne lui laisse pas la place.
Fatima, interprétée par Nadia Melliti, est une révélation. Elle irradie littéralement. Charisme, le regard qui transperce, elle n’a pas besoin d’en faire trop pour crever l'écran : tout passe par ses silences, ses hésitations, ses respirations. Elle ne joue pas, elle habite clairement son rôle, et on vit avec elle à chaque instant.
Là où certains critiques ont parlé de froideur, j’y ai vu une pudeur et surtout, une force retenue. Fatima est déchirée entre la foi et le désir, entre la loyauté et la liberté. Et c'est précisément cette tension constante qui donne au film sa puissance. Pas besoin de grands effets ni de surjouer les scènes : une larme, un silence, un souffle suffisent à tout dire.
Hafsia Herzi filme avec une délicatesse poignante. Elle parle de la foi sans caricature, des réalités de la banlieue sans misérabilisme, et du désir sans voyeurisme. Sa caméra ne vole rien : elle accompagne, elle observe, elle comprend. Il y a dans son regard une justesse qu'on trouve rarement dans le cinéma français et c'est cette sincérité désarmante qui m'a le plus émue.
Les scènes d’amour sont d’une douceur incomparable. Elles ne sont ni provocantes ni sages, elles sont pleines de vérité.
Fatima y est entière : parfois vive, parfois perdue, mais toujours authentique. Et il faut le dire : c’est la réalité que vivent les jeunes femmes lesbiennes d’aujourd’hui : celles qui cherchent, qui tombent, qui se relèvent pour exister pleinement.
L’alternance entre le jour et la nuit est magnifiquement menée : le jour, Fatima se tait, se retient ; la nuit, elle s’ouvre, découvre, s’éveille au contact des milieux lesbiens parisiens. Jusqu’à ce premier chagrin…
Et puis vient la dernière scène.
Une scène suspendue où tout se mêle : la foi, la honte, la peur, la tendresse, le renoncement, l’amour.
C’est un moment d’une beauté déchirante, où tout s’effondre et tout renaît à la fois. Sublime !
La Petite Dernière ne cherche pas à faire la leçon ni à révolutionner quoi que ce soit et c'est précisément sa plus grande force : elle montre simplement la vie, dans ce qu’elle a de plus vrai et de plus nu. Et parfois, cela suffit amplement.
Je suis sortie de la salle les yeux pleins de larmes. Et rien que pour ça, je vous conseille ce film.
La bande annonce
— Contribuez à notre magazine participatif —
Vous souhaitez écrire un ou plusieurs articles pour notre site ? Le Lesbia Magazine est un média libre et indépendant souhaitant porter toutes les voix de la diversité au féminin.
Envoyez-nous dès à présent votre sujet d'article via notre page de contact, nous reviendrons vers vous dans les meilleurs délais.
