Les services de renseignement américains effacent les personnes trans des rapports de sécurité
Le « T » disparaît de LGBT+ dans les documents officiels
Le Bureau du renseignement et de l’analyse du Département de la Sécurité intérieure (DHS) a récemment été pointé du doigt pour avoir remplacé l’acronyme « LGBT+ » par « LGB+ » dans ses rapports sur les menaces visant la communauté queer. Cette exclusion des personnes trans apparaît notamment dans des documents liés au Mois des Fiertés.
Révélé par le journaliste Ken Klippenstein sur son site KlipNews, ce changement montre que la communauté est désormais citée comme « LGB+ », écartant ainsi toute référence aux personnes transgenres et non-binaires.
Une conséquence directe de la politique anti-« woke » de Trump
Depuis son retour à la Maison-Blanche pour un second mandat, Donald Trump a lancé une offensive contre les programmes de diversité, d’égalité et d’inclusion (DEI). Dès janvier, un décret présidentiel a mis fin à ces programmes au sein des agences fédérales.
Résultat : licenciements massifs d’employés chargés de l’inclusion, suppression de centaines de pages web et effacement de toute référence aux minorités sexuelles et de genre. Même le FBI a repeint un mur où figurait le mot « diversité », et le Service des parcs nationaux a retiré du site du Monument national de Stonewall des informations sur les personnes trans et non-binaires.
Des suppressions absurdes
Cette purge a parfois touché des contenus sans lien avec les questions LGBTQ+. Des images de l’avion de la Seconde Guerre mondiale Enola Gay ont par exemple été signalées pour suppression, uniquement parce que son nom contient le mot « gay ».
Des menaces reconnues… mais pas pour les trans
Les rapports consultés par Klippenstein détaillent les risques que la communauté queer encourt de la part de groupes ou individus anti-LGBTQ+. Ils mentionnent les lieux et les méthodes d’attaques potentielles, ainsi que la réponse que les forces de l’ordre pourraient apporter pour éviter des violences ou des morts.
Cependant, tout en listant les groupes à risque, les documents omettent totalement les personnes trans. Le DHS parle désormais de « menaces contre la communauté LGB+ », un acronyme excluant.
« La menace de violence contre la communauté LGB+ et les événements de la Pride provient principalement d’individus isolés ou de petits groupes animés de griefs anti-LGB+ », précise l’un des rapports cités.
Kristi Noem et Tulsi Gabbard : figures anti-trans au cœur du pouvoir
La tendance ne surprend guère : le DHS est dirigé par Kristi Noem, ancienne gouverneure du Dakota du Sud et proche alliée de Trump, connue pour son opposition frontale aux droits des personnes trans. En 2022, elle avait interdit aux élèves trans de participer à des compétitions sportives selon leur genre, puis en 2023 elle avait banni les soins d’affirmation de genre pour les mineurs.
Cette dernière décision avait conduit à la rupture d’un contrat avec The Transformation Project, une organisation trans locale. Après un procès pour discrimination, l’État a été contraint de présenter des excuses et de verser 300 000 $ de dédommagements.
De son côté, Tulsi Gabbard, aujourd’hui directrice du renseignement national et ex-démocrate, a également pris des positions radicalement anti-trans. En août, elle qualifiait les personnes trans de « folie et d’obscurité », allant jusqu’à associer leur existence à une forme de « volonté de se prendre pour Dieu ».
Une invisibilisation inquiétante
L’effacement du « T » dans les documents officiels du DHS illustre un recul inquiétant pour la visibilité et la sécurité des personnes trans aux États-Unis. Alors même que les menaces contre la communauté queer augmentent, leur exclusion des rapports de sécurité renforce leur vulnérabilité et traduit un choix politique assumé : celui d’effacer les trans de la sphère publique et institutionnelle.
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