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Iran : des nouvelles de la championne d’escalade Elnaz Rekabi, disparue après avoir concouru sans porter le voile

(Temps de lecture: 2 - 4 minutes)

Iran : des nouvelles de la championne d’escalade Elnaz Rekabi, disparue après avoir concouru sans porter le voile

La question du port du voile obligatoire dans les pays musulmans continue de diviser. À l’heure où dans des pays comme la France, on se bat pour avoir le choix de le porter ou non, d’autres pays, comme l’Iran, se bat pour l’imposer à toutes les femmes. Des militant(e)s iranien(ne)s, portée par la figure de Mahsa Amini, se mobilisent pour obtenir le droit de s’exposer sans le voile islamique, situations qui aboutissent parfois à des affrontements musclés entre manifestant(e)s et forces de l’ordre.

L’alpiniste avait été filmée sans voile alors qu’elle disputait les Championnats d’escalade en Corée du Sud. Elle ne portait en effet qu’un bandana montrant sa chevelure, interprété comme un geste de solidarité envers Mahsa Amini, cette jeune kurde iranienne arrêtée par la police des mœurs et décédée trois jours après son arrestation. Cela faisait un mois jour pour jour que cette tragédie s’était produite lorsqu’Elnaz Rekabi a concouru.

Les inquiétudes de la communauté internationale sur le sort de la championne ont commencé après son passage à la télé. Incapables de la contacter en 48 heures, ses amis ont exprimé leurs doutes concernant sa sécurité.

Mardi 18 octobre, elle poste une story sur ses réseaux sociaux qui se veut rassurant. Elle s’excuse pour toute l’inquiétude provoquée par sa disparition en expliquant qu’il ne s’agissait que d’une erreur sur la programmation ce qui a entraîné sa « maladresse » vestimentaire.

« Je suis rentrée en paix en Iran, en parfaite santé et selon le programme prévu »

Elle rentre au matin du 19 dans son pays où elle atterri vers 4 heures, acclamée par une foule nombreuse venue la féliciter : « Elnaz ! Héros ! » On peut la voir sur une vidéo rentrer dans une voiture à son arrivée à l’aéroport international Imam Khomeini de Téhéran. Au terminal, elle a tenu à s’adresser aux médias : « En raison du climat qui régnait pendant les finales de la compétition et du fait que j'ai été appelée à prendre le départ quand je ne m'y attendais pas, je me suis retrouvée emmêlée dans mon équipement technique (...). À cause de cela, je n'ai pas fait attention au foulard que j'aurais dû porter. Je suis rentrée en paix en Iran, en parfaite santé et selon le programme prévu. Je présente mes excuses au peuple iranien pour les tensions créées. »

Pourtant, cela ne suffit pas à atténuer les préoccupations internationales. La Fédération internationale d’escalade a assuré suivre de près les mouvements de son athlète, expliquant que « la sécurité » d’Elnaz Rekabi était « primordiale. » IranWire alerte aussi dans un post que Davood Rekabi, le frère de l’alpiniste, a été arrêté pour être interrogé sur les intentions réelles de la sportive concernant l’absence de son voile. Était-ce un geste de soutien pour la révolte sociale initiée par la mort tragique de la jeune Mahsa Amini ? Ou une simple « erreur » lors de la préparation à l’épreuve ? Les discours sont mitigés, d’autant plus que l’Iran est connu pour avoir déjà par le passé provoqué des aveux forcés.

Le dernier signe de vie que nous avons d’elle pour le moment se résume à une image postée samedi dernier sur son compte Instagram. On peut voir une silhouette noire comme assise dans les airs, au milieu de nuages gris. Un long message de remerciement s’ensuit.

« Je vous suis infiniment reconnaissante pour votre soutien, tout le peuple iranien, les gens les plus décents de la planète, les athlètes et les non-athlètes, et pour tout votre soutien au sein de la communauté internationale : ce que j’ai gagné jusqu’à aujourd’hui a été grâce à votre soutien, belles âmes, et le futur ne serait pas une route avec aussi peu d’obstacles si vous n’étiez pas en train de la poursuivre avec moi.

Je remercie sincèrement tous ceux qui sont venus à l’aéroport m’accueillir. Je vous aime.

Avec respect,

Moi, le peuple, l’Iran »