Cette photo transmise par l’armée israélienne montre l’ancienne otage israélienne Emily Damari avec sa mère Amanda à un lieu tenu secret en Israël le 19 janvier 2025, après sa libération. (Photo armée israélienne / AFP)
Honte à l’élite LGBT qui a ignoré l’otage israélienne lesbienne Emily Damari durant les Fiertés

De nombreux héros ont émergé des flammes de l’attaque du Hamas contre Israël il y a deux ans en octobre, mais aucun n’est tout à fait comparable à Emily Damari. Et aucun n’apparaît de façon aussi symbolique qu’aujourd’hui, alors que juin a marqué le début du mois de la Fierté LGBT, au moment même où de nouvelles violences antisémites frappent les États-Unis. Damari, une Israélo-Britannique de 28 ans, faisait partie des 33 otages libérés cet hiver après près de 500 jours de captivité à Gaza. Et comme elle l’a révélé ce week-end, Damari est aussi lesbienne : un fait resté secret durant les quinze mois passés entre les mains du Hamas, ce qui lui a sans doute sauvé la vie.
C’est une forme de courage incommensurable, à la fois de la part d’Emily et de sa famille, en particulier sa mère Mandy, qui a réussi à maintenir sa fille dans l’attention publique sans attirer une lumière trop vive qui aurait pu révéler son orientation sexuelle. Sans oublier le courage d’Orel, la compagne d’Emily, contrainte de se présenter comme une simple "amie" tout en menant campagne pour sa libération.
J’ai personnellement connu l’homophobie une grande partie de ma vie, mais rien de comparable à ce qu’a traversé Emily, qui risquait une mort certaine et brutale si son homosexualité avait été dévoilée. En 2016, le Hamas avait d’ailleurs assassiné l’un de ses propres commandants pour suspicion d’homosexualité. Imaginez ce qu’ils auraient fait subir à une otage femme, juive et israélienne.
"De leur point de vue, ils pensent que c’est une maladie", a expliqué Damari dans une interview à la télévision israélienne. "Le Hamas ne devait pas savoir que j’étais gay !"
Au-delà de la force incroyable affichée par Damari, son histoire met en lumière l’aveuglement et l’absurdité des milieux pro-palestiniens au cours des 18 derniers mois. Ces gens défient la logique à chaque instant. J’enrage en pensant qu’alors que les activistes de #queersforpalestine défilaient dans les rues des grandes villes, une véritable femme queer survivait à Gaza, sachant qu’à tout moment son identité pouvait lui coûter la vie. Pourtant, depuis l’annonce de sa libération, aucun grand groupe LGBT n’a salué son courage.
Aucun article n’a été publié dans les grands médias LGBT américains comme The Advocate ou Them. Aucune reconnaissance non plus de la part des principales associations de défense LGBT, telles que GLAAD, dont la cérémonie annuelle des prix médiatiques, en mai dernier, s’était transformée en une déferlante de critiques contre Israël.
Dans le même temps, les mouvements féministes sont également restés silencieux sur le cas de Emily Damari, malgré son calvaire aux mains de l’une des entités politiques les plus misogynes qui soient, à l’exception des talibans. Rappelez-vous des foules réunies par le Hamas lors des cérémonies glaçantes qui ont accompagné la libération des otages en hiver. Rien de surprenant : presque aucune femme. Seulement des hommes et des fusils. Voilà la réalité misogyne à laquelle Emily Damari a survécu plus d’un an.
L’histoire d'Emily Damari m’inspire surtout de la fierté : la fierté d’être sioniste, la fierté d’être juif. Je suis fier de savoir qu’Israël est le seul pays du Moyen-Orient où les Arabes et musulmans gays ainsi que les juifs sont protégés par l’État. À tel point que des personnes queer venant de Cisjordanie y demandent et obtiennent l’asile, après avoir fui pour sauver leur vie depuis Jénine ou Ramallah.
Bien sûr, les anti-sionistes réduiront ces droits LGBT à du "pinkwashing" ou de la propagande. Qu’ils le fassent.
En attendant, je mets quiconque au défi de me montrer un "queer" déclaré à Gaza ou en Cisjordanie. Pas des Arabes ou musulmans gays vivant en Occident, qui militent pour Gaza sans jamais y mettre les pieds. Mais de vrais Palestiniens gays ou lesbiennes, identifiables, défendant leur propre avenir dans leur propre nation. En 2022, Ahmed Abu Marhia, 25 ans, a tenté de vivre ouvertement son homosexualité en Cisjordanie après un séjour en Israël, plus tolérant. Son destin : il a été décapité à Hébron. Car le seul queer visible dans les territoires palestiniens, récemment, semble avoir été Emily Damari.
En fin de compte, c’est pour Emily Damari elle-même que je ressens la plus grande fierté, sans être surpris d’apprendre qu’elle avait volontairement choisi de rester à Gaza pour permettre à Keith Siegel, 65 ans, d’être libéré en premier (il est finalement rentré peu après elle). L’émotion est immense en repensant à son retour en Israël, retrouvant sa mère Mandy et sa compagne Orel. Pour celles et ceux qui savent reconnaître ce genre de détails, Emily Damari (passionnée de football depuis toujours) apparaissait immédiatement et sans équivoque comme queer : sa démarche assurée, un peu bravache, légèrement butch.
Même après des mois avec le Hamas, il était presque difficile de croire qu’Emily Damari restait Emily Damari : ouverte, fière, dès sa première minute hors de captivité. Voilà le courage que les militants de #queersforpalestine n’atteindront jamais, et voilà le courage que je veux afficher moi-même, la prochaine fois que j’hésiterai à tenir la main d’un autre homme dans le métro new-yorkais.
Source : Traduction de l'article de David Christopher Kaufman dans le National Post
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Emma
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